Un défi
Je me dois d’abord d’avouer que cette exposition m’a
été confiée du fait du désistement de Pierre Bergé le PDG de Saint Laurent, qui
avait demandé à la Direction des Affaires Internationales du Ministère de la
Culture français (DAI) une somme trop élevée pour préparer une rétrospective du
créateur.
Cette année dédiée à la Franc en Inde suivait une "Année de l'Inde en France" (1985-1986) qui avait connu, à la demande du Président François Mitterand, des fastes inédits à Paris, qu'il avait promis de prolonger par une édition réciproque en Inde, lors de sa visite officielle à Bombay.
Voici ce qu'en écrivait le quotidien "Libération" de la soirée traditionnelle de "Méla":
"Un éléphant pour Mitterand" : "Paris, un soir de juin 1985. On célèbre avec munificence l'Année de l'Inde en France. Le Premier ministre Rajiv Gandhi a fait le déplacement. Il faut absolument l'éblouir. Sous ses yeux, des jarres d'eau tirée du Gange sont versées dans la Seine en cascades fusionnelles, comme pour coupler les deux fleuves. Des arches de bambous et de lianes sont dressées. Des colliers, des bracelets de jasmin blanc portés aux poignets. Quand le soleil disparaît, des milliers de lampes à huile, nefs de feuilles sèches, tanguent sur les eaux noires comme des lucioles étourdies".
Mais Paris avait de plus accueilli à cette
occasion au Musée des Arts Décoratifs rue de Rivoli une exposition de textiles indiens où,
lors du vernissage, j'ai pu rencontrer Pupul Jayakar, proche compagne d'Indira
Gandhi et promotrice d'un artisanat indien de qualité lié à la relance et à
la promotion du travail traditionnel des villages.
Cette idée d'autonomie artisanale indienne datait bien
entendu de la période où le Mohandas Karamchand Gandhi, puis les membres de sa famille avaient combattu pour
se libérer du colonialisme anglais sur une base de non-violence, en demandant à la population de réapprenne à filer et tisser le coton, plutôt que de laisser les
récoltes de la précieuse fibre partir vers Manchester pour être ensuite réexportées
sous forme de fils ou de tissus vers le pays d'origine.
Les responsables de la DAI qui participaient
régulièrement aux réunions de la Route de la Soie du Conseil de l’Europe ont
alors songé à me confier un budget, plus raisonnable que celui demandé par la
Maison Saint Laurent, afin que le textile et la mode français soient tout de
même représentés.
Une fois la demande acceptée, tout restait cependant à faire.
Pour la petite ou grande histoire, je me dois d’avouer qu’un défilé des vêtements du Musée Saint Laurent a tout de même eu lieu à Bombay, devant la Porte de l'Inde, parallèlement à l’exposition dont je terminai l’installation.
Des mannequins étaient venues de France et des mannequins
indiennes complétaient le casting. Je me souviens encore de mon émotion à en visiter les coulisses.
L'inoubliable émerveillement d'un miracle, au soleil
couchant.
Où réaliser l'exposition ?
D’un voyage à l’autre
Il a fallu deux missions en Inde pour déterminer dans
quels lieux aurait lieu le montage de l'exposition. Le troisième déplacement étant enfin consacré à la mise en place finale.
Le premier voyage a eu lieu à New Delhi, à la fin du printemps. Malgré la saison, il faisait cependant un peu plus de 40°c à l'extérieur, mais fort heureusement, sans humidité atmosphérique.
Pour un Européen habitué au climat
encore tempéré des années 90, cela impliquait simplement de bouger le moins
possible, de rester bien calé au fond d'un taxi lors des déplacements, ou de profiter
des courants d'air poussiéreux déplacés par les vespas taxis sans fenêtres et de prendre au moins une dizaine
de douches par jour.
Cependant, la température de la chambre dont je bénéficiais dans les locaux de l'ambassade
de France contrastait presque dramatiquement avec l’atmosphère extérieure
puisque la climatisation permettait d’obtenir 17°c.
Je garde réellement de très bons souvenirs de ce premier séjour.
D'abord en ce qui concerne les locaux et les jardins de l'ambassade qui
avaient été complètement repensés par Paul Chemetov à la demande de Catherine Clément, l'autrice, philosophe
et psychanalyste française, sœur de Jérôme Clément, l'ancien Directeur d'Arte.
Elle avait eu également la malice d'accueillir les visiteurs dans le jardin - à la française, mais avec l'esprit contemporain du célèbre architecte - par une compagnie de paons majestueux, mais aussi par deux ânes qui ne cessaient de crier quand ils étaient ainsi dérangés.
Tout un symbole de la considération ironique qu’elle portait aux officiels qui venaient participer aux réceptions de l'ambassadeur, son mari, qu'elle suivra ensuite en Autriche et au Sénégal pour ses derniers postes.
Je donne le lien Wikipédia qui la concerne en référence à son parcours étonnant :
Une enfance à la campagne avec son frère (qui écrira sur cette période un récit dont un film a été tiré avec Hippolyte Girardot) dans un « refuge » qui leur permettra d'échapper (tous deux d'ascendance mi catholique, mi juive) aux rafles des occupants allemands.
Proche de Claude Lévi-Strauss et Jacques Lacan, elle écrira de nombreux essais et romans. L'Inde lui inspirera ainsi plusieurs ouvrages : Pour l'amour de l'Inde (Flammarion, 1993), Le voyage de Théo (Seuil, 1998), Promenade avec les dieux de l'Inde (Panama, 2005), La princesse mendiante (Panama, 2007).
J'ai eu le plaisir de participer à l'une de ces réceptions, organisée pour l'implantation de la Société Générale en Inde. Deux rangées de 50 chauffe-plats avec tous les currys possibles, servis par des Indiens en livrées et turbans.
Un vrai conte éveillé !
Les autres repas m'ont été servis dans la chambre,
toujours par les mêmes serviteurs enturbannés, avec des vins de Bordeaux qui
avouaient la qualité d'une cave de connaisseur.
Quant aux oiseaux "civilisés" des
jardins : paons, canards, oies... ils avaient appris à cohabiter avec les
milliers d'oiseaux "sauvages" de la ville. En premier, les corbeaux
et les corneilles, mais aussi les vautours, auxiliaires ailés de la crémation
rituelle, toujours en quête d'un brasier encore fumant.
Lors de ce premier déplacement, j'ai pu rencontrer le partenaire, choisi par la partie française, représentant la structure avec laquelle j'aurais dû travailler.
Il s’agissait du responsable commercial des "Cottage industries" qui m'a lui même présenté les personnes chargées de la décoration des vitrines du grand
magasin de cinq étages où étaient exposés et mis en vente tous les produits artisanaux récoltés
dans les villages, selon l'esprit d'autonomie économique inspiré de Gandhi.
Je suis content d'y avoir acheté tous les tissus indiens imprimés qui m'ont accompagné depuis, lors de mes déménagements ultérieurs, ainsi qu’un petit canard en bois, incrusté de métal et d'écailles, que je garde près de moi, comme une sorte de porte-bonheur.
La gamme des produits proposés à la clientèle allait
de petits jouets en bois coutant quelques roupies jusqu'à des saris de mariage
tissés en soie et fils d'or qui vaudraient certainement aujourd'hui plusieurs milliers
d'euros.
Ce n'était malheureusement pas tout à fait le type de partenaire que je cherchais, ce que j'ai attendu mon retour à Paris pour avouer aux commanditaires français, afin de ne vexer personne sur place !
Le commercial en question m'a invité pour un déjeuner...où j'ai compris
pourquoi il fallait commander de l'eau capsulée que les clients - aisés vu les
prix - emportaient avec eux comme un trésor précieux.
Il a aussi tenu, le dernier soir de ma visite, à m'emmener chez lui dans un faubourg de Dehli - en grande partie pour montrer à ses voisins qu'il travaillait avec des étrangers.
Nous avons dîné avec son épouse dans le restaurant d'un hôtel Hollyday Inn, avant que je ne reprenne mon avion pour retourner en France.
J'ai bien entendu immédiatement demandé au Commissaire français de "L'année de la France en Inde", ancien ambassadeur dans ce pays, de me trouver un autre partenaire plus adapté et un lieu plus "muséographique" qu'un grand magasin. Ce qu'il a fait avant mon second voyage où, en passant toujours par Dehli, je me suis rendu à Ahmedabad et Bombay.
A partir de ce moment, j'ai alors dialogué avec une équipe de professionnels qui avaient
été responsables de la scénographie de l'exposition consacrée à Gandhi qui s’était
tenue au Victoria and Albert Museum de Londres.
Le Commissaire indien, lui aussi diplomate, passé par Oxford, m'a aidé efficacement et avec une patience éprouvée par de longues années de négociations internationales, dans cette démarche de "recentrage".
J'ai pu de ce fait expérimenter la lenteur administrative indienne, bien supérieure à la lenteur française, et de loin !
Un seul rendez-vous par demi-journée, autour d'un thé au lait et à la bergamote, pour consulter des dossiers poussiéreux constitués de feuilles de papier artisanal calligraphiées, le tout entouré de ficelles nouées avec art.
Le tout avec une grande politesse réciproque...sans résultats tangibles
immédiats.
Belle expérience de patience pour des échanges
nécessaires et purement décoratifs !
Le deuxième voyage, organisé cette fois avec les
professionnels que j’ai évoqués, a eu lieu majoritairement à Ahmedabad.
Je me suis retrouvé dans cette ville le deux octobre, durant le "Gandhi Jayanti- National Holiday".
Il s’agit de fait d’un
jour férié où les familles en profitent pour acheter les saris d'hiver, ce qui
s’est traduit par un spectacle merveilleux, offert à mes yeux étrangers, dans
les boutiques spécialisées où les vendeurs étalent devant les clients ces
pièces de tissu de 1,2 mètres de large sur 5 à 6 mètres de longueur, que les
femmes portent sans coutures, dans un enveloppement savant.
Cette présentation féérique m’est apparue un peu
comparable à celle des tapis en Orient.
Mais il y avait tant de fêtes en Inde, étant données les
religions diverses (dont les conflits n’étaient pas dans ces années là aussi dramatiques que durant ces
dernières années) et les célébrations de morts célèbres, que le mois d'octobre était
pratiquement entièrement chômé.
C'était aussi - et heureusement - l'époque de l’après
mousson où on se fait seulement tremper par de brusques averses, dans un
environnement climatique tellement chaud que l'on sèche très vite sur place
après l’averse.
Mais en raison de ces journées fériées, tout le monde
se trouvait dehors en se moquant de la pluie qui n'a plus rien à voir avec
celle de la véritable mousson d'été. C'est certainement en raison de cette
vacuité populaire, que pour la seule fois de toutes mes promenades solitaires
au milieu des foules indiennes, j'ai eu du mal à supporter le trop plein :
une population entremêlée de cris et de pressions, trop de vaches errantes,
trop de charrettes, trop de vespas, trop de voitures, trop de klaxons, trop de
poussière mouillée.
Après la visite du bâtiment dessiné par Le Corbusier
(Palais des Filateurs) où l'exposition aurait pu être installée et avoir passé un
moment dans le bâtiment jumeau, dévolu au musée des cerfs-volants, je n'ai eu
qu'une seule idée : rentrer à l'hôtel dans l'air conditionné et dans un calme
relatif.
Le bâtiment de Le Corbusier, parfaitement conçu pour le climat, grâce à son aération naturelle, était malheureusement totalement inapproprié pour le projet d'exposition.
En effet, l'aération était assurée grâce à des lucarnes ouvertes sans vitres et percées en haut des murs en béton. De ce
fait, les oiseaux circulaient à l'intérieur sans contrôle.
Des fientes de volatiles sur les vêtements de
créateurs et sur les étoffes précieuses ? Inimaginable !
Le sort en était ainsi jeté : l’exposition aurait donc lieu à Bombay et New Dehli. Les scénographes ayant une idée des lieux les plus commodes : le "Jamshed BhaBha Theatre" (partie expérimentale) dans la première ville et le Stade Indhira Gandhi dans l'autre.
Le théâtre de Bombay étant financé par
la riche famille BhaBha, liée à la famille Tata, alliance du nucléaire et de
l'industrie automobile des camions.
Je pouvais donc enfin finaliser la scénographie, avec
l’aide d’un stagiaire de l'Institut Français de la Mode, grâce à des allers et
retours d’échanges de dessins par Fax avec les scénographes (pas d'internet à
l'époque du minitel).
C'est la firme des scénographes qui construira
l'ensemble des décors, des cimaises aux cages d'oiseaux comprises et viendra en
camion depuis New Dehli pour l'installation.
J’ai également préparé la maquette du catalogue, conçue comme un numéro spécial de la revue Textile / Art en choisissant, un peu par malice, le dessin textile de Bianchini-Férier dédié à Charlot, comme couverture.
Le troisième voyage aura donc lieu fin novembre. Il faisait encore 36° à Bombay à cette époque de l’année, avec 90 % d'humidité atmosphérique.
Le gros camion en provenance de Dehli est arrivé avec une équipe au complet, dont une couturière et sa machine à coudre des années soixante et l'éclairagiste du Théâtre National indien.
Les vêtements et les tissus venus de Paris sont ont atterri un peu en avance, mais ils sont arrivés en même temps que le Beaujolais nouveau et, de plus, les employés Sikhs de l'aéroport se sont mis en grève !
Mais fort heureusement, l'arrêt de travail cessera à temps pour l'installation ! De toute manière il fallait d'abord monter les cimaises.
Toujours dans le cadre de "L'année de la France en Inde", ce théâtre avait accueilli quelques mois auparavant les représentations du "Mahabharata", un spectacle fondé sur l'épopée indienne, dans une mise en scène de Peter Brook, sur une adaptation de Jean-Claude Carrière et de Marie-Hélène Estienne.
La
représentation totale durait 9 heures à Avignon en 1985, mais a été donnée en
version courte de 6 heures à Bombay.
Le dernier problème à résoudre consistait à trouver des mannequins pour mettre en scène les tenues dans le style cosmonaute de Thierry Mugler, le smoking pour femme, un classique de Yves Saint Laurent, les préciosités d'Azzedine Alaïa et la tenue richement brodée de Christian Lacroix, typique de la période des gilets de toréadors.
Cette dernière étant évaluée pour l'assurance à un prix équivalent à tout les autres vêtements et étoffes réunis !
Au cours de l’exploration de la profondeur des dédales de Bombay, il a été un peu difficile de trouver des mannequins de configuration « occidentale », les tailles étant dans ce pays à la fois plus petites en hauteur pour les femmes et plus en chair pour les hommes, un signe non seulement de bonne santé, mais aussi de bonne situation sociale.
Bombay que l'on a pris l'habitude de nommer maintenant Mumbaï, comporte aujourd'hui pratiquement 19 millions d'habitants avec ses faubourgs.
Entre l'aéroport et le centre-ville,
on traversait des dizaines de kilomètres de bidonvilles trempés d'humidité,
ensembles de misères et de pauvretés, qui se sont certainement encore étendus depuis les années 90.
J’ai logé dans le très confortable hôtel Oberoi qui possédait une vue superbe sur la mer. Dès que j’en sortais, j’étais bien naturellement assailli par des hordes d'enfants demandant quelques roupies.
Impossible bien
sûr de donner à l'un plutôt qu'à l'autre. Il faut donc apprendre à se boucher
les oreilles et à se fondre dans la foule occidentalisée pour aller prendre le
thé dans des endroits populaires pour éviter d'être débordé par les demandes
répétées.
J'ai donc dû apprendre à dompter cette feinte indifférence, que je ressentais avec culpabilité et j'ai pu faire ainsi de longues promenades solitaires qui m’ont permis de trouver dans les poubelles des imprimeurs de tissus les blocs en bois sculptés, devenus noirs tellement ils avaient été plongés dans l'indigo.
J’en
possède ainsi une petite collection !
Avec l'équipe indienne, j’ai aussi appris à aller déjeuner dans des restaurants de quartiers, à partager une vraie nourriture indienne conviviale et à boire de l'eau non minérale, comme eux.
Il aurait été
stupide de rester à part, alors que j’avais à faire à des professionnels non seulement
très compétente, qui ont formé une véritable équipe avec moi et mon stagiaire de l'Institut Français de la Mode et qu'ils se sont très vite ouverts à une conversation sur tous les sujets, y compris
politiques.
Dans le Times of India que je trouvais
à la porte de ma chambre tous les matins, j’ai pris, pendant tout mon séjour,
des nouvelles des élections législatives qui se déroulaient parallèlement.
"Seulement 500 morts dans les échauffourées électorales",
titrait le quotidien : un matin comme un autre !
Tout est en effet relatif, dans ce pays qui comptait
850 millions d'habitants en 1990 et se trouve aujourd'hui à la deuxième place
mondiale avec 1,38 milliards et qui est entré depuis peu dans le jeu d’alliances
diplomatiques dangereuses, ouvert par la Fédération de Russie et la Chine.
Ces élections ont vu la victoire du Parti du Congrès,
dirigé à l'époque par Rajiv Gandhi qui est mort assassiné l'année suivante.
Pour mémoire, l'Hôtel Oberoi et le Taj Mahal Palace ont été incendiés en novembre 2008 ainsi que la Gare centrale et quelques autres bâtiments, incendies revendiqués par des groupes pakistanais. Ils ont été reconstruits depuis et ont pris pour partie l'allure de bâtiments anonymes, de style international.
Attaque du 26 Novembre 2008
Les dessins textiles et les grandesfamilles lyonnaises : Férier, Brochier et Mérieux...
Les archives de la Maison Bianchini-Férier contenaient une grande partie des dessins / peintures de Raoul Dufy. Il faut dire qu'il a longtemps travaillé pour le soyeux, après avoir collaboré avec Paul Poiret :
« Il signe un contrat d’exclusivité avec cette maison de
soierie lyonnaise et en sera le dessinateur et directeur artistique de 1912 à
1928. »
Parmi les autres artistes découverts dans les archives, figuraient aussi Alfred Latour, Jacques Henri Lartigue, plus connu comme photographe, dont j’ai choisi aussi quelques dessins, mais également Sonia Delaunay et même Daniel Buren, dont je n'ai malheureusement pas trouvé trace.
Ils figurent peut-être maintenant au Musée des Tissus et des Arts Décoratifs de Lyon,
récemment sauvé par le Conseil régional Rhône-Alpes ?
Ces dessins, regroupés par thème (fleurs, noirs et
blancs, villes (Nice en particulier), constitueront la première partie de
l'exposition.
Depuis, la maison Bianchini-Férier a fermé, après une
période transitoire où elle a été rachetée par le soyeux suisse Baumann, puis en
2002 par Cédric Brochier.
Entretemps (1990-91) nous avions étudié par contrat la
déclinaison des dessins de Dufy sur des objets de luxe (foulards, sacs...) pour
une boutique que la firme lyonnaise a ouverte, très temporairement, Place de La
Madeleine à Paris.
J'ai également travaillé avec les Frères Brochier,
autre dynastie lyonnaise (textiles techniques en fibres de carbone pour le nez
du Concorde, ou création du salon de tissus pour la mode "PremièreVision" à Villepinte).
Autre innovation : "La branche technologies de Brochier a d’ailleurs mis au point un tissu lumineux produisant
des microalgues et de l’oxygène, qui intéresse l’Agence spatiale européenne."
J'ai enfin invité Jacques Brochier en 1995 à Saint Petersbourg pour une réunion du Réseau Européen du Textile (ETN).
Il ne reste plus
qu'à évoquer la Famille Riboud (BSN,
Danone, Evian...) pour être complet. Du côté de la femme d'Antoine, on retrouve
ainsi la famille Férier.
Curieux croisements de routes industrielles.
Qui a écrit qu'en 2022 5 % des ménages les plus riches
possédaient 34 % du patrimoine, et 1 % en détiennent 15 % ?
Ambiances.
C’est une chance pour moi d’avoir gardé les diapositives prises lors de l’installation de l’exposition, dont certaines reproductions figurent déjà dans la première partie de cet article.
Je peux ainsi me remémorer
certaines des mises en scène des tissus des principaux éditeurs spécialisés pour
l'ameublement et dont les boutiques offraient leurs vitrines essentiellement situées
dans certaines rues du quartier latin, aux environs de la Place Fürstenberg et
de l’église Saint-Germain-des-Prés, comme Manuel Canovas ou Pierre Frey...
Mais je retrouve aussi, encore aujourd’hui dans mes archives, des tissus techniques de la firme Cortex, fondée par Claude Corbière dans la
banlieue lyonnaise, des floqués de soie, des façonnés, des moirés… qui
devaient rejoindre les robes de haute couture ou du prêt à porter du début des
années 90.
Pour ne citer que quelques ambiances :
Un atelier de peintre avec une bouteille de Beaujolais.
L’appartement du Duc d'Aumale d’après le tableau de Delacroix.
L’esprit du printemps avec des transparences de
fleurs.
Les âmes des oiseaux avec des étoffes enfermées dans des cages.
En précisant à nouveau que tous les accessoires ont
été fabriqués par l'équipe indienne.
C'était le cas d'Eliakim, ou d'un jeune groupe qui avait pris le curieux nom de « Robertle Héros ».
Mais il vaut mieux quelques images que des
commentaires inutiles, même si, après tant d’années, je ne peux éviter d’aligner
les mots convoqués pour la presse et pour l’inauguration où figurait la silhouette
inoubliable de Sonia Gandhi.