J’ai souhaité que la question de la disparition du site web portail de l’Institut Européen des Itinéraires culturels (IEIC), ou à tout le moins l’impossibilité d’y accéder depuis plusieurs années, soit posée dans un cadre plus général : celui de l’enfer numérique.
Elle peut-être également posée
dans le contexte de l’évolution de la « Destination Europe » qui a
ouvert il y a quelques années une collaboration plus régulière entre le Conseil
de l’Europe et la Commission européenne, sans que celle-ci dépasse pourtant le
cadre de programmes spécifiques, dont Routes4u a constitué un des derniers épisodes remarquable.
Mais cette disparition me touche de près - sans parler des budgets investis sur plus de dix ans et du travail d’une centaine de personnes. J’y ai consacré des milliers d’heure en travail de conception, d'améliorations, de corrections et de validations.
On comprendra donc que je tenais, après une
trop longue attente patiente sans réponses, à en détailler le processus de
conception, ainsi que les étapes du travail qui lui a donné naissance et d'insister sur les buts poursuivis.
Tout commencer en 2002, peu de temps après que l’IEIC participe activement à la Campagne du Conseil de l'Europe : « L’Europe un patrimoine commun » (1999-2000).
Cette collaboration s’est effectuée à la demande du fonctionnaire du Conseil de l’Europe qui en était responsable et souhaitait un fort appui conceptuel et logistique, comme cela avait déjà été le cas pour le colloque « Ecrire les frontières », organisé à l'issue de l'installation de textes d'intellectuels européens sur le Pont de l'Europe entre Strasbourg et Kehl, premier contrat de service de l'IEIC (1997-1998).
En témoigne l’édition des « Carnets de
Campagne », ouvrage / bilan dont l’édition, financée par le Conseil, a
été entièrement pilotée par l’IEIC, sous la coordination de Claudia
Constantinescu.
Avec le colloque de Bourglinster en 1996 qui a posé les bases du transfert du programme au Grand-Duché de Luxembourg, cet ouvrage a très largement fondé, une dizaine d’années après leur lancement officiel, le tournant conceptuel de la mise en œuvre des Itinéraires culturels européens. Lancement qui s’était cristallisé sur la redécouverte mutuelle des identités partagées par les Européens, grâce au voyage de long cours. Les Chemins de Saint-Jacques de Compostelle en constituant le modèle initial. Un modèle visant avant tout une réflexion commune sur une citoyenneté rendue vivante par la construction de parcours thématiques, croisant mémoire et récit.
« Un patrimoine commun à portée de mémoire »,
pour reprendre le titre de l’article que j’avais écrit en forme de préface pour le bilan de ces actions, dont le « storytelling » nécessaire,
écrit en commun au sein de réseaux porteurs, primait les slogans commerciaux traditionnels
du tourisme. Ceci même en ce qui concernait le tourisme dit « culturel » ou « durable »
qui ne cesse, encore aujourd'hui, de s’affaiblir à force d’un usage trop extensif.
« En travaillant sur la continuité
transfrontalière de ces actions, elles font également intervenir « a contrario »
les différentes définitions de la frontière (matérielle, communautaire,
historique, linguistique…) comme lieux de mémoire. Tandis qu’en choisissant des
lieux de rassemblement, des villes symboliques des cheminements européens,
voire des territoires qui ont connu la souffrance des confrontations, elles
illustrent « a posteriori » la complexité des confluences. »
Compte-tenu du rôle important joué par la Roumanie
dans le lancement et les conclusions de cette Campagne, rien de surprenant à ce
que le prologue d’Andrei Plesu se formule ainsi : « Nous sommes
une partie de votre patrimoine », tandis que la postface de Sorin
Alexandrescu proposait « Soi-même et l’autre : écrire et
transmettre une identité. »
Les grands domaines du site ont été établis dans l’élan
de cette Campagne et sur la base de ses conclusions :
L’Europe découverte
L’Europe continue
Médiations européennes
L’Europe de la Mémoire
Questions capitales
Diagonales européennes
Enfin, grâce à des API (Interface de programmation) appropriées, les informations
entrées par les associés et les partenaires pouvaient être en retour affichées
sur leurs sites respectifs, ainsi que sur les sites dédiés à certains
programmes européens auxquels l’IEIC a participé, comme « PICTURE » par
exemple.
On peut espérer que cette capacité à établir des liens, des ponts et des collaborations avec l’aide de la mémoire du virtuel n’est pas à jamais perdue, comme peut le faire penser le titre de l'émission de France Culture : « Cimetières virtuels : à chaque réseau, son tombeau »
Ceci dit, sur les pierres tombales on peut néanmoins rendre justice, par quelques mots, aux années d’une histoire mêlant l’individuel au collectif.
Je veux l'espérer !
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