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lundi 16 juillet 2012

Le tourisme et l'Europe dans les organisations internationales (II)


L’OCDE


Ce n’est pas simplement dans le but d’être le plus complet possible que j’ai voulu faire un détour par l’OCDE, l'Organisation de Coopération et de Développement Économiques. L’OCDE est née en 1960 lorsque 18 pays européens, les États-Unis et le Canada ont uni leurs forces pour fonder une organisation vouée au développement mondial. Aujourd’hui, elle compte 34 pays membres à travers le monde, de l’Amérique du Nord et du Sud à l’Europe, en passant par la région Asie-Pacifique. J’ai participé à quelques réunions de cette organisation et j’ai longtemps reçu les documents publiés pour ce qui concerne le tourisme. Sa mission est « de promouvoir les politiques qui amélioreront le bien-être économique et social partout dans le monde. »

Dans ce but elle offre aux gouvernements un forum où ils peuvent conjuguer leurs efforts, partager leurs expériences et chercher des solutions à des problèmes communs. Dans ce cadre, la publication de statistiques et d’analyses des politiques et des stratégies nationales sont par conséquent à l’origine de références extrêmement utiles.
Le tourisme constituant – en tout cas depuis la date de création de cette organisation – un des moteurs du changement économique, social et environnemental, caractérisé par une activité qui intervient de manière notable dans les flux mondiaux d’échanges et d’investissement, il est normal qu’elle se soit donnée des compétences en matière de tourisme. La dernière note d’orientation du Secrétaire Général de l’Institution (23-24 mai 2012) s’inscrit dans une longueur d’onde qui ne surprendra aucun lecteur. « Il faudra notamment faire avancer les négociations sur le changement climatique et mettre en application les engagements souscrits dans ce domaine, et également élargir la coopération internationale en matière d’aide pour le commerce, d’échanges de services, de lutte contre le protectionnisme et de renforcement du système commercial multilatéral, compte tenu de l’impasse dans laquelle se trouvent les négociations à l’OMC. » écrit  Angel Gurria qui ajoute vouloir  apporter un soutien aux pays en approfondissant et en renforçant les «…travaux consacrés aux nouvelles sources de croissance, comme la croissance verte, les actifs fondés sur le savoir, les compétences, l’égalité homme-femme et les migrations. »



Analyses et évolutions


L’OCDE a publié depuis 2003 un ensemble d’ouvrages généraux et de communications de colloques dans une optique liée aux rapports réguliers  : « Le tourisme dans les pays de l’OCDE : Tendances et Politiques » dont la version 2010 est en ligne. On peut citer : « Innovation and Growth in Tourism » (2003), « Culture and tourism, a growing importance » (2008), Tourism Trends & Policies (2010), « OECD Studies on Tourism - Italy: Review of Issues and Policies » (2011) et « Climate Change and Tourism Policy in OECD Countries » (2011).

Les données fournies sont à la fois diverses et souvent très détaillées. Il est par conséquent difficile de les résumer. C’est cependant le concept de crise qui est le plus fortement argumenté et mis en valeur par des données chiffrées. Les raisons de cette crise, au-delà des excès de la financiarisation mondiale sans freins que l’on connaît, passent par des constats d’évidence :
L’image du tourisme s’est ainsi transformée sous au moins trois aspects précisent les rapports : sur le plan de l’offre, la concurrence entre les destinations s’est exacerbée, sur le plan de la demande, de nouvelles clientèles internationales sont apparues  et sur le plan de la demande également, les déplacements sont devenus plus nombreux mais plus courts. 

Le tourisme interne, c’est-à-dire le tourisme des résidents à l’intérieur de leur propre pays de résidence, pèse beaucoup plus lourd que le tourisme récepteur.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le tourisme international concernait principalement l’Europe et l’Amérique du Nord. Depuis les années 1970, l’Asie-Pacifique, l’Afrique et le Moyen-Orient ont pris une part significative dans le tourisme mondial. Toutefois, l’Europe continue de peser pour plus de la moitié à la fois en termes d’arrivées de touristes internationaux et de recettes.

En Europe, au cours des deux dernières décennies, le développement du tourisme a été relativement modeste pour les pays d’Europe occidentale qui continuent cependant de recevoir les effectifs de touristes les plus nombreux. La croissance a été particulièrement dynamique pour les pays d’Europe centrale et orientale ; elle est restée assez forte pour les pays d’Europe du Sud et du pourtour méditerranéen ainsi que pour les pays d’Europe du Nord.
En Europe centrale et orientale, la forte croissance du tourisme récepteur s’est amorcée au début des années 90 après la chute du mur de Berlin. Une croissance assez forte a perduré dans les années 2000, notamment en République tchèque et en République slovaque. En Estonie, la croissance du tourisme récepteur a été rapide au cours des années 90, et est restée soutenue dans les années 2000. En Russie, le nombre d’arrivées de visiteurs a augmenté à un rythme modéré au cours des années 2000.

L’Europe du Sud et méditerranéenne a de tout temps été une zone de fort tourisme récepteur. Les pays de l’OCDE y occupent une part prépondérante avec environ 85 % des arrivées. Mais ils sont soumis à une forte concurrence de la part des pays d’Afrique du Nord ou encore de destinations comme la Croatie ou la Slovénie. En Slovénie, la croissance du tourisme récepteur a ainsi été très rapide au cours des années 90 et depuis l’an 2000. Malgré cette concurrence, les destinations traditionnellement les plus visitées comme l’Espagne et l’Italie maintiennent leur position avec des taux de croissance de l’ordre de 3 % par an, voire un peu plus pour l’Espagne. La Turquie et la Grèce maintiennent des taux de croissance supérieurs à la moyenne de la zone.
S’agissant des recettes du tourisme international, on retrouve les mêmes pays mais classés un peu différemment. L’Allemagne, par exemple, arrive au sixième rang tandis que l’Espagne accède au deuxième rang. De même, l’Autriche a gagné de nombreuses places. La Turquie et la Grèce rentrent dans le classement des vingt-cinq pays qui enregistrent le plus de recettes. Les cinq premières places sont occupées par des pays de l’OCDE : États-Unis, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni : à eux cinq, ils représentent près de 50 % des recettes des vingt-cinq. (La crise grecque et certains troubles récents aux frontières de la Turquie, de même que l’extension de certains « comportements » révolutionnaires ou contestataires en Méditerranée viendront certainement nuancer ce constat pour ce qui concerne 2011 et 2012.

La France est le seul pays où la durée moyenne du séjour touristique dépasse nettement trois jours. D’une manière générale, la durée de séjour diminue depuis 2003 tant pour les résidents que pour les non-résidents.

En termes d’utilisation d’Internet par les voyageurs, on a observé que plus de 25 % des personnes interrogées en Norvège, en Islande, en Finlande, au Danemark et en Suède, mais aussi au Canada, au Luxembourg et aux Pays-Bas, ont réservé leurs billets ou leur hébergement par voie électronique.


Bonnes pratiques

Le chapitre 4 détaille les profils par pays, à la fois sur le plan de l’organisation des politiques du tourisme, que sur celui des statistiques de fréquentation et des données économiques. Nous n’avons extrait que certains faits qui nous semblaient les plus saillants par leurs spécificités ou pour l’esprit d’innovation. Nous reviendrons plus tard sur les mesures d’incitation économique qui sont nombreuses et visent la rationalisation, comme une meilleure connaissance des impacts:

Autriche : Afin de promouvoir l’excellence dans l’industrie touristique, ce pays a créé en 1999 le prix national du tourisme, qui est décerné tous les deux ans par le ministère aux acteurs innovants du secteur. Le prix porte à chaque fois sur un thème particulier (les jardins d’Autriche, par exemple, en 2007). En 2009, il récompensait l’efficacité énergétique. En 2008, le prix national de l’architecture est allé à des réalisations touristiques. Le ministère fait prévaloir la recherche, la constitution de réseaux et l’innovation dans l’industrie touristique, et rassemble les acteurs concernés pour favoriser l’approfondissement ou le partage de connaissances sur certains aspects et soutenir la mise au point de produits nouveaux. Entre autres initiatives, notamment dans le domaine du tourisme culturel, il faut citer la création des réseaux « Imperial Austria – Residences » et « Creative Austria ». S’ajoutent des travaux engagés dans des domaines comme les parcs nationaux et naturels, ou dans le cadre de la plateforme de coordination entre les Länder et l'administration nationale évoquée précédemment.


Salzbourg, Autriche.

Belgique : La Flandre a participé au projet européen STREAM qui vise à promouvoir des moyens de transport individuels économes en énergie pour les loisirs et le tourisme. Grâce au soutien apporté dans le cadre du projet STREAM, 16 destinations flamandes ont pu prendre des initiatives en faveur d’une mobilité durable et sensibiliser la population à cet impératif pour ses déplacements à des fins récréatives. Toerisme Vlaanderen élabore actuellement des orientations à l’intention des destinations touristiques pour leur permettre d’établir leur propre plan de mobilité durable, à partir des enseignements tirés du projet STREAM.


Musée gallo-romain à Tongres, Belgique.

Espagne : En 2009 (de septembre à décembre), 800 formations ont été organisées dans 40 destinations à travers l’Espagne, attirant plus de 12 000 personnes. Vingt-six manuels de bonnes pratiques sur l’attention accordée à la clientèle ont été rédigés. Les professionnels du secteur seront ainsi en mesure d’évaluer leurs propres performances en ce qui concerne l’attention accordée au détail. Le projet a son propre site Web où les utilisateurs peuvent trouver les détails du programme et de la documentation à télécharger et échanger des avis sur le projet. Toujours dans le cadre du projet Anfitriones, le programme Destino en Detalle (Attention au détail dans les destinations) améliorera la qualité des destinations telle qu’elle est perçue par les clients. À cette fin, un ensemble de mesures a été élaboré pour encourager l’adoption de bonnes pratiques en termes d’amélioration des destinations de manière à faire ressortir leurs particularités et leur singularité. À partir d’un portail personnalisé, les responsables locaux peuvent évaluer leurs propres performances pour les améliorer.


Jardins de l'Alhambra. Grenade, Espagne.

Hongrie : La promotion du patrimoine touristique est une priorité nationale dans le cadre de la Stratégie nationale de développement du tourisme. Pour promouvoir la gastronomie et les vins hongrois, l’Office national hongrois du tourisme organise chaque année le « jeudi des gourmands », les restaurants offrant à cette occasion une réduction de 50 % sur les plats figurant sur leurs cartes. Le « jeudi des gourmands » suit le mercredi des cendres, qui marque le début du Carême avant Pâques. Il évoque les traditions du folklore chrétien et hongrois, lorsque l’on pouvait se laisser aller à la gourmandise avant le début du Carême.

Château Esterhazy. Hongrie et ci-dessous, sur la Route de Saint-Paul. Turquie.
Turquie : Le ministère de la Culture et du Tourisme a mené à bien de nombreux projets ces dernières années. Parmi eux, ceux qui portent sur la création et la mise en place d’itinéraires touristiques sont particulièrement importants. Des itinéraires tels que la Voie lycienne, le Chemin de Saint-Paul et la Route de la soie rassemblent de nombreuses destinations touristiques différentes dans un seul itinéraire. Ils ont été conçus avec des objectifs ambitieux, par exemple la volonté d’ouvrir et de mettre en valeur des cités culturelles ayant une importance majeure dans le pays. Ces itinéraires permettent aux touristes voyageant individuellement ou en groupes de découvrir la Turquie historique et culturelle, en s’appropriant le patrimoine culturel de multiples époques et périodes différentes du passé du pays. Un programme conjoint, intitulé « Alliances pour le tourisme culturel dans la province de Kars », axé du point de vue géographique sur la région d’Anatolie orientale, à la frontière avec la Géorgie et l’Arménie, a été lancé en novembre 2008 et prendra fin en décembre 2010.
Ce programme fédère les compétences respectives de quatre organismes des Nations Unies (PNUD, UNESCO, OMT, UNICEF) en coordination avec le ministère de la Culture et du Tourisme. Il s’inspire du Neuvième Plan de développement (2007-2013), du Plan d’action stratégique pour le tourisme (2007-2013) et de la Stratégie du tourisme à l’horizon 2023. Il mobilise les valeurs culturelles en en faisant des atouts pour la promotion touristique. Ce programme pourrait être considéré comme un modèle de gouvernance participative du point de vue de son orientation stratégique, de la hiérarchisation des priorités et de la coordination entre la protection du patrimoine culturel et les prestations de tourisme culturel. Le projet se déroule dans l’une des régions les moins développées de Turquie.

samedi 3 mars 2012

Focus sur l’Allemagne


Dans le nouveau contexte où les pays européens membres de l’Union Européenne vont devoir collaborer, on se demande parfois quelle est la politique spécifique qui est encore menée aujourd’hui par chacun d’entre eux. C’est la raison pour laquelle il me semble intéressant de prendre les pays les uns après les autres, en s’appuyant sur des actualités  qui possèdent un sens symbolique ou montrent en tout cas des évolutions frappantes.




Des salons aux offres nationales

Les professionnels du tourisme européen vont se retrouver à l’ITB de Berlin du 7 au 11 mars prochain. Mais en même temps, il ne s’agit pas que d’un rendez-vous pour les professionnels. Les deux dernières journées sont ouvertes à tous. Compte tenu des enjeux industriels, on ne peut pas s’attendre à ce que la page d’accueil cherche à mettre en avant des messages pointus. Le soleil, les îles, le surf, les déserts, les pyramides et les minarets, les temples grecs et les ruines romaines constituent les coiffures à la mode. Une mode qui date quand même de plusieurs années. On y attend 170.000 visiteurs. Tout un monde, autrement dit où, sans repères et sans soutien une offre pointue disparaît, encore plus qu’à Madrid ou Milan.

Travel & Tourism accounts for 258 million jobs globally. At US$6 trillion (9.1% of GDP) the sector is a key driver for investment and economic growth and at a global level. It is larger than the automotive industry at 8% GDP, and just smaller than banking at 11%. Our key challenge in the industry is to stimulate jobs and investment, eliminating barriers to travel such as visa restrictions, taxation, and outmoded infrastructure systems. I am confident that these issues will be addressed at Europe’s premier travel trade fair - ITB Berlin. It is the key place to learn about new trends, market developments, and to deepen existing business relations”, affirme d’emblée David Scowsill, President & CEO, World Travel & Tourism Council. C’est en effet une réalité prégnante face à laquelle se sont développées des actions de conseil et des séminaires en ligne. Tout un business, autrement dit.




Toutefois, à côté des grands marchés de l’exotisme et de la croisière, du b to b et du tourisme de congrès, il reste des niches pour le tourisme culturel. Le discours n’est certes pas très élaboré et même assez convenu mais l’espace existe :

 “For a growing number of people culture represents a main motivation for their holiday decision. Therefore, cities and regions increasingly use the possibility to highlight their cultural offers to draw tourists also during low season to their destinations. Cultural tourism plays a decisive role to increase the touristic capacity utilisation. ITB Berlin is also taking this topic into account. Therefore, national as well as international exhibitors present their services and products of this particular segment to the public and trade visitors in hall 10.2.” 

Par ailleurs l’écologie et les exigences environnementales ont fait plus que percer. Elles constituent une nécessité incontournable. Segment réel du marché, ou simple affichage ?  : “ECOtourism stands for a touristic reorientation. It centers travel products which make a contribution to the protection of the environment and to the well-being of the guest population. Qualitative high-value journeys which allow sensual nature experiences and a personal insight into the culture of the guest country. ECOtourism offers an international panel and an advertising platform for products, offers, and concepts that target a sustainable development in tourism.




Mais revenons à la destination allemande. Le moins que l’on puisse dire est que l’état fédéral est optimiste : 

«En 2011 la destination Allemagne a battu son record de l’année dernière et enregistré 63,6 millions de nuitées de touristes étrangers. Avec 330,3 millions de nuitées de touristes allemands, l’Allemagne reste la destination préférée des Allemands. Nous souhaitons dépasser la barre des 400 millions de nuitées» déclarait Ernst Burgbacher, secrétaire d’Etat parlementaire après du ministère fédéral de l’économie et de la technologie, en charge des classes moyennes et du tourisme. Tandis que Pétra Hedorfer, directrice de l’Office national ajoutait : 

«Ainsi en 2011 l’Allemagne est, avec une croissance d’environ 5%, la seconde destination préférée des Européens, juste après l’Espagne (environ 10%). D’après les données provisoires d’IPK international, ce résultat lui permet de creuser l’écart avec la France (environ 2%).» Dans un esprit d’entente cordiale européenne, voilà donc la France prévenue.

Justement, le site de l’Office national du tourisme, dans sa version française se pare des couleurs de la culture et de la nature et dispose même d’un blog spécialisé pour la présentation des actualités culturelles et muséographiques. Je conseille à chacun de le visiter régulièrement. Avec le site du CIDAL et les informations régulières que je donne sur mon profil facebook, c’est un bon moyen de suivre l’actualité culturelle, si on se fonde sur l’événementiel pour organiser un voyage. Explorez-le, cherchez y les villes et les sites. On peut même se demander à un certain moment s’il ne s’agit pas plus d’un site de valorisation patrimoniale qu’un site de services touristiques. On comprend par contre cette réserve et cet esprit généraliste quand on sait que ce sont les Länder qui sont maîtres de leur politique touristique. Ce qui veut dire par conséquent que l’on doit explorer région par région pour aller dans le détail. Ce que nous ne manquerons pas de faire dans les mois à venir, en fonction des événements en cours.


Parc de l'Eifel

Le patrimoine au premier plan

Rien d’étonnant donc, dans cet esprit fédéral à ce que l'office du tourisme mène, jusqu'au 15 mars, une enquête visant à établir les 100 sites touristiques préférés des visiteurs étrangers en Allemagne. Traduite en 26 langues, cette enquête est accessible depuis le site Internet et depuis Facebook. Les résultats seront utilisés pour développer une application pour smartphone. 

Complémentairement, depuis le 28 février, le ministère fédéral des Affaires étrangères présente l’exposition «Welterbe in Deutschland», qui illustre la beauté et la diversité des sites allemands classés au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Cet événement fait partie des festivités organisées à l’occasion du 40e anniversaire de la convention pour la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel. «Préserver la culture et entretenir le Patrimoine mondial forge l’identité culturelle», a souligné de son côté Cornelia Pieper, ministre adjointe aux Affaires étrangères, en inaugurant l’exposition qui sera ouverte au public jusqu’au 13 avril 2012, du lundi au vendredi, de 10 à 20 heures.



Les chemins de traverse

Quoi d’autre ? Depuis que la commission européenne a mis en avant la pertinence du site mis en place par l’European Travel Commission, je ne manque pas de regarder la manière dont les destinations sont présentées. Dans la version française du site on peut ainsi lire : 

«L'Allemagne a tant de choses à vous faire découvrir. Facile à visiter tout au long de l'année, vous découvrirez des trésors culturels et des richesses de modernité. Le paysage de l'Allemagne est aussi diversifié que tout autre pays au monde. Depuis les stupéfiantes montagnes alpines qui abritent le Zugspitze, le sommet le plus élevé d'Allemagne avec ses 2.962 mètres, fournissant un domaine idéal pour les randonneurs en été et les skieurs et surfeurs en hiver; jusqu`aux 38 kilomètres immaculés de plages de sable doré sur l'Ile de Sylt et le Parc National de Wattenmeer au Nord. Ou encore la Forêt Noire, qui ne regorge pas seulement d'une faune et d'une flore odorante, mais aussi de mythes et légendes de fées et de lutins qui y résident. Les grandes villes allemandes ne manquent jamais d'enchanter les visiteurs curieux.» Je laisse les lecteurs juges de la pertinence de ces évidences et de l’imagination du style.

Si vous voulez aller plus loin, rendez-vous donc de préférence sur les sites des Länders et ne manquez pas de regarder des offres que les itinéraires culturels qui traversent l’Allemagne vous proposent.

Trois routes dont les initiatives sont nées en Allemagne et bénéficient d’un management dans leur pays, mais concernent de cinq à dix pays européens, représentent de très bons exemples d’un lien réel entre le patrimoine, la culture et l’économie touristique.  Il s’agit de l’itinérairede la brique gothique, lié en grande partie aux Villes de la Hanse, de celui des forteresses de la Baltique et enfin de celui qui porte sur les théâtres historiques.



Opéra margrave de Bayreuth


Ne manquez pas bien sûr de visiter les sites web des itinéraires reconnus par le Conseil del’Europe et dont certains, au-delà de leur remarquable pouvoir symbolique et des actions de citoyenneté européenne qu’ils savent mettre en œuvre, présentent des offres touristiques. Nous y reviendrons plus en détail. Il s’agit principalement de la Via Regia (voir site en anglais), de Transromanica qui comporte de réelles offres de tourisme alternatif, en particulier cyclable, des Villes de la Hanse dont les offres sont très dispersées et bien entendu des chemins pédestres, dont ceux vers saint Jacques de Compostelle, et depuis peu, du Nord de l’Allemagne vers Trondheim sur les routes de saint Olav.



Eglise de Jerichow - Route de l'art roman en Saxe-Anhalt


La mémoire au centre du jeu

Les routes sont ouvertes. Je suis resté volontairement assez classique et patrimonial, puisque le mot d’ordre fédéral est bien là…mais les innovations alternatives sont nombreuses et chacun peut prendre les chemins de traverse le long de l’Elbe en vélo, en parcourant les sites industriels de grands bassins sidérurgiques et miniers où se sont constitués des festivals et des musées, à l’intérieur même des grands halls des usines, pour ne pas parler des lieux du Bauhaus et des jardins historiques et contemporains qui ont su se relier par une route de rêve…le Gartentraüme.

Au fond la réunification de ce pays est récente. Le projet de la Via Regia, grande transversale venue d’Ukraine est une réponse fabuleuse à ce travail de reprise de mémoire qui continue chaque jour autant par des reconstructions, que par des expositions ou des centres qui explorent les archives les plus récentes ; celles de la période nazie, comme celles de la période communiste. Une ville comme Weimar, reliée à Buchenwald reste tout autant un symbole que la ville de Berlin réunifiée. Le tourisme de mémoire, comme le tourisme vers les racines, à la recherche des lieux de l’émigration est lui aussi un domaine que des associations et des villes ont su mettre en valeur.


 Maison de Hundertwasser à Magdebourg

Culture, vous avez dit culture ? 

«Rien ne fausse plus perfidement la figure de Goethe que l'image sereine que l'on s'en fait communément (en France du moins). Cette sorte de félicité suprême, où se maintenir impassible et souriant dans une région inaccessible aux orages, n'est pas la sienne. Son spinozisme ne va pas jusqu'à chercher à se soustraire aux passions… Au contraire, il s'abandonne d'abord à chacune, sachant s'en instruire, et ne cherche à s'en délivrer que lorsqu'elle n'a plus rien à lui apprendre. Son but, s'il en eut un autre que celui de vivre le plus possible, c'est de la culture, non le bonheur.». La phrase est d’André Gide.