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mercredi 1 mai 2013

Tourisme religieux en Europe. I / Marcher sur les nouveaux chemins


Depuis que j’ai participé il y a quasiment une année à la rencontre « Carrefour d’Europe » à Pavia en Italie, j’ai eu l’impression de rester un peu sur ma faim. Les routes religieuses s’y sont bien rencontrées, mais n’étaient au fond invitées que pour parler chiffres et technique. Alors que je m’apprête à participer à la seconde édition de ces carrefours qui aura lieu cette fois à Toulouse, je voulais m’interroger sur le tourisme religieux tel qu’il s’exprime, souvent au-delà des religions elles-mêmes, dans le contexte européen.



Publier


Je suis toujours ravi de recevoir dans ma boîte à lettres une enveloppe en papier contenant une revue imprimée avec de l’encre dont les photographies en couleurs font rêver. Une revue que je peux extraire, feuilleter, laisser sur ma table, reprendre quand je le souhaite, puis classer dans ma bibliothèque où elle restera là pour quelques années à dialoguer avec des romans qu’elle va – à force de cohabitation - découvrir au cours du temps et qui vont, je l’espère, la contaminer et la subvertir. Mystère insondable des bibliothèques où se jouent des drames secrets qui font que les textes changent quand on les reprend plusieurs années après les y avoir déposés. Je sais, j’ai l’air de me contredire ! Je me suis en effet parfaitement habitué à l’immatériel. Je peuple moi-même de manière impénitente et parfois répétitive l’espace numérique et les revues dont je suis un abonné s’y soumettent aussi ! Elles sont, à leur tour, devenues téléchargeables. Je les emporte donc avec moi dans des dossiers virtuels où elles ne voient plus personne, où elles ne savent même pas si elles ont une existence réelle et quel rapport elles entretiennent encore avec ceux qui, un jour, en ont écrit les textes. J’espère qu’elles y rencontrent tout de même des logiciels espions qui cherchent à savoir si elles ne complotent pas à déstabiliser le monde. Si le monde savait ce qu’est réellement le pouvoir de l’écriture et se souvenait du rôle révolutionnaire qu’a eu le premier ouvrage sorti des presses, les logiciels espions seraient encore plus nombreux !

Tout cela pour dire que je remercie sincèrement Gaëlle de la Brosse et ceci doublement : à la fois pour avoir pensé à moi dans ma retraite strasbourgeoise et pour m’avoir redonné l’envie de feuilleter un numéro – hors-série comme on dit – qui parcourt les nouveaux pèlerinages contemporains (Marcher sur les nouveaux chemins. Pèlerin Hors-Série et carte Michelin Les nouveaux itinéraires du sacré. Avril 2013). Je remercie également Luca Bruschi de m’avoir suggéré d’écrire un article qui parle de la spiritualité, celle de la purification du chemin et de la purification de l’eau en remontant ainsi aux origines, quand la source elle-même était un lieu de pèlerinage et de purification. Je vais me préparer ainsi à faire le lien entre plusieurs itinéraires européens. Cet article paraîtra dans le prochain numéro de la Revue Via Francigena qui sera présenté le 8 juin prochain al Colle di Val d’Elsa.La concomitance des deux événements m’a obligé à revenir sur mes pas et de remplir un vide dans lequel m’avaient laissé les présentations de Pavia.



 Arrivée à la Cathédrale de Compostelle

Vingt-cinq années


Vingt-cinq années après ! Vingt-cinq années d’une recherche échevelée de l’effort et du dialogue, d’une célébration inlassable et quotidienne du partage par des millions, que dis-je des dizaines de millions de pèlerins et de marcheurs ? Et puis il faut bien le dire, une réelle déception devant une célébration purement diplomatique de l’itinéraire culturel européen face la cathédrale de Compostelle en octobre dernier. Une célébration un peu fantomatique loin des pèlerins eux-mêmes et des associations qui les aident à s’approprier un effort complexe, à lui conférer de l’élan. Mieux que rien ? 


De quoi donner cependant la nostalgie de la célébration  inaugurale et de celle du vingtième anniversaire où la Place de la cathédrale de Saint Jacques de Compostelle était noire de monde et écoutait les paroles des jeunes : anglais, français, castillan et galicien mêlés, de donner le regret de l’exposition qui a symbolisé à la fois toutes les valeurs rassemblées et tous les chemins dessinés pendant toutes ces années et qui n’a pu malheureusement être transportée ailleurs, regret enfin des rues marquées du nom de tous les itinéraires européens, dans toutes les langues de l’Europe : moments éphémères mais inoubliables. 



Octobre 2007. Les jeunes se préparent à la lecture de la Déclaration

Une émotion difficilement descriptible, faite de toutes ces rencontres à la fois, tant elle montait en puissance chaque jour de ce mois d’octobre-là, au rythme du retour vers les origines sous la bannière de l’Olivier, des Phéniciens euro-méditerranéens ou encore des moines clunisiens.


Les temps ont changé et les objectifs sont devenus autres, plus économiques sans doute, inscrits maintenant dans la nécessité de convaincre les décideurs que l’ordre et la méthode sont devenus prioritaires sur la spontanéité d’un succès démocratique laissant toute leur place aux usagers ! Sommes-nous donc devenus seulement des opérateurs touristes du pèlerinage au point de ne plus célébrer que pour laisser passer des autorités au premier rang, sans se soucier de laisser venir à nous des images, des souvenirs, tout l’imaginaire d’une Europe en mouvement ?



Octobre 2007. Exposition "L'Europe est le Chemin"

L’Hospitalité sur les chemins de pèlerinage fait pourtant partie de la définition même, dès l’origine. «Pendant longtemps elle a été considérée comme un geste charitable qui consistait à recueillir, à loger et nourrir gratuitement les indigents et les voyageurs en particulier les pèlerins. Exercer l’hospitalité c’était donc faire preuve de vertu». Native donc ! Elle est là dans son expression la plus pure, comme valeur chrétienne et comme un moment de l’aménagement de la Route, qui rend la Foi plus sûre, mais aussi plus solide, comme si l’accueil constituait un argument de la Route elle-même et comme si la Route établissait son tracé sur les étapes d’un partage dans lequel la santé morale, physique et intellectuelle qui est donnée ou restaurée s’échange contre une culture étrangère, mais dont les fondements profonds existent dans une transcendance vécue en commun.


Et la démarche qui a fait en sorte que ce même chemin de Foi et de Spiritualité soit aujourd’hui, en affirmant une laïcité, au-delà de la transcendance, un Chemin de dialogue européen, une sorte de laboratoire de (re)construction européenne à ciel ouvert, n’est pas seulement un signe tangible de modernité, mais une affirmation que prendre le Chemin, c’est abandonner des préjugés et être prêt à être « mesuré » par l’autre à l’aune de l’accueil.

Nouveaux Chemins ?


Lorsqu’on lit ce hors-série du Pèlerin on peut dire en effet que les temps ont changé et le voir, page après page par la variété des propositions. Et on se rassure très vite sur la permanence des valeurs, en lisant des témoignages de ceux qui marchent. Que ces marcheurs soient Immortels, garants de la langue ou de l’esprit européen ou qu’ils découvrent la fin d’un égoïsme et le début du dialogue en posant simplement un pas devant l’autre. Pour les suivre depuis vingt-cinq ans, je suis bien en effet persuadé qu’ils ont changé, mais dans le meilleur sens du terme, en gardant la flamme de l’esprit du voyage et en traçant peu à peu une totalité du pèlerinage historique dans la diachronie où les voies se succèdent, se croisent et se confondent.


Le portfolio qui ouvre le numéro est superbe. Il donne envie de prendre le sac et de découvrir l’Europe au plus vite. La célébrer dans l’effort des pentes et le soulagement des sommets. Prendre l’Europe à pleins poumons quand parfois son odeur politique nous empêche de respirer. Un moment parfait quand vient la semaine où l’on se souvient des grandes dates des Traités qui ont écrit l’Europe, de Londres à Rome.



Saint Martin sur la Loire, en revenant vers Tours

Et le choix aujourd’hui ne manque pas, en effet. Saint Michel dans la succession des sanctuaires perchés où la Jérusalem céleste dépasse le simple symbole, Saint Martin de Tours reliant les lieux de vie d’un soldat converti, évangélisateur et exemplaire d’un premier monachisme ouvert sur le monde, le Tro Breiz si cher à Gaëlle et qui invite à vénérer « Les Sept Saints Fondateurs de la Bretagne », Saint Gilles du Gard, jouxtant un chemin pédestre vers Saint Jacques, aboutissement de la Régordane et  regard jeté vers l’autre côté de la mer, vers la Terre Sainte et enfin Assise depuis Vézelay à l’extrême du symbole d’une Route de la Paix, d’une Via della Pace. On y croise aussi la Via Francigena, tracé symbolique de toutes les Routes vers Rome et on apprend à y reconnaître des marcheurs redescendus de Norvège, échappés des sentiers qui rejoignent un autre Finisterre dans le fjord de Trondheim - Nidaros.



Sur la Via Francigena


Phénomène mondial par la diversité des origines de ceux qui marchent. Phénomène européen par le réseau qui s’est mis à irriguer, grâce à de nombreux petits cours d’eau, des fleuves qui se sont affirmés dans un lit bien balisé vers Compostelle ou Rome, Nidaros ou Le Mont Saint Michel. Des milliers de marcheurs qui convergent, se côtoient, se choquent et parfois se gênent tant ils sont nombreux, mais qui se souviennent séparément de leur port d’attache tout en regardant tous ensemble le même but.  

En ce sens, l’esprit de ceux qui sont repartis après la Seconde Guerre Mondiale pour ressentir le soulagement de l’effet physique de traverser une frontière, est toujours là, même si leur frontière d’aujourd’hui est plus personnelle et moins politique. Les camps de prisonniers et les goulags européens se sont quasiment tous ouverts. Restent les barrières sociales, mais les chemins ont aussi permis de les estomper, le temps de la marche, dans le partage de la fatigue en ouvrant la voie à une meilleure compréhension. Un partage de la crise, aussi, dans une certaine mesure. Une prise en compte commune de la peur, même si elle a changé de visage.

« La vertu de l’ascension » comme l’écrit Jean-Christophe Rufin (Immortelle randonnée. Compostelle malgré moi. Editions Guérin. Avril 2013).dans un élan mystique auquel je préfère personnellement donner le nom de spiritualité. En caractérisant sa propre progression dans la longue marche sans rupture, sinon parfois la cassure du corps, il évoque aussi un pèlerinage bouddhiste, comme s'il avait peu à peu discipliné son corps et senti un souffle venu d’un ailleurs souhaité, depuis un monde qu’un président français nommait celui des forces obscures. Chacun continue en effet à trouver sa foi, étape par étape, aujourd’hui comme aux lendemains du grand drame. Chacun entretient à sa manière une conviction tremblante faite de morceaux de vie et d’espérances mélangées. L’immortelle randonnée nous renvoie aux origines. Quand prendrions-nous sinon le temps de faire cette recherche intérieure, autrement que dans la solitude d’une multitude en marche ? Quels autres itinéraires nous ramènent ainsi aux origines et à une sorte de confiance aveugle qu’il y a eu une histoire et qu’elle n’est pas terminée ?

Hospitalité

J’ai envie de redire (L’Hospitalité, fondement d’une culture européenne : le Pont de l’Europe. Arles, 1er Congrès Européen de l’Union Jacquaire 1er mars 2008) qu’il s’agit en quelque sorte d’un grand saut dans l’inconnu d’une vision européenne commune, mais dont on doit avec humilité, accepter les différences locales, à l’épreuve des identités ouvertes. Je ne peux donc que me féliciter du fait qu'en vingt-cinq années se sont ajoutées d’autres voies de pèlerinage vers d’autres sanctuaires, certains plus anciens, certains plus récents, d’autres parallèles, complémentaires ou alternatifs, ou qu'on cherche de nouveau à explorer les grandes voies du monachisme, de l’Ouest, comme de l’Est. Cette diversité conforte la démarche européenne en dressant une carte certes complexe, mais vivante et mouvante, d’une Europe en marche, trouvant à la fin la victoire de l’Hospitalité contre l’Hostilité et redécouvrant l’aménagement du territoire, comme une intelligence du paysage pour celui qui en devient un hôte.



La Route de l'Olivier à Compostelle

Si on retourne à l’anthropologie de l’Hospitalité, il est important de suivre quelques bons guides. Par exemple, le terme est ainsi relu par les quatre-vingt-dix auteurs réunis par Alain Montandon  dans l’ouvrage « Le livre de l’hospitalité. Accueil de l’étranger » publié aux Editions Bayard en 2004. Les réflexions de Michel Serres, de Paul Ricoeur, de Michel Foucault, de Marcel Mauss y côtoient celles sur deux auteurs liés par l’espoir : Emmanuel Lévinas et surtout Jacques Derrida, qui sont au cœur de l’anthropologie d’une valeur qui se rattache à d’antiques lois religieuses et à une éthique du comportement. 

L’universalité ou encore le caractère infini de l’Hospitalité que Lévinas professe, constitue l’exact contraire du racisme et souligne l’infini des massacres qui ont tenté d’effacer, de rayer plusieurs types d’Autres inacceptables ou « inaccueillables », si on peut tenter ce néologisme: entre autres le Juif, le Tsigane, l’Homosexuel, le Communiste en régime fasciste et son double, le Dissident en régime communiste...  «Ami, nous ne savons comment vous appeler; serait-il indiscret de vous demander votre nom ? - Ma foi, je nourris moi-même quelque doute à ce sujet. Mettons que vous m’appellerez « Guest » ou Hôte » écrit William Morris dans « Nouvelles de nulle part » en 1891.

« Parvenu au terme du voyage, je me suis dit que je n’étais pas arrivé ; j’ai compris que le but n’était pas matériel. » dit encore Jean-Christophe Rufin. Beaucoup le disent avec lui. Voilà sans doute ce que signifie, au plus profond, ce nouveau tourisme que l’on dit "culturel et religieux".

dimanche 19 août 2012

Le tourisme et l’Europe dans les organisations internationales (IV)



L’Union européenne


Le cas de l’Union européenne (27 pays membres. 500 millions d’habitants) est exemplaire en ceci que, ni lors de la première étape de la création d’une Haute Autorité (1951 CECA), ni lors de la seconde aboutissant à la signature des Traités de Rome (1957-1958) il n’est indiqué de compétence directe en matière de tourisme. Au tout début, comme l’écrit si malicieusement Luuk van Middelaar « La France cherche dans l’Europe une réincarnation d’elle-même. A travers l’Europe, l’Allemagne cherche (cherchait) pour sa part la rédemption de ses fautes. Quant à la Grande Bretagne, elle cherche « une chaise à la table » dès qu’on en instaure une. »


Un peu d'histoire, de l'Europe et des congés


L’idée de Fédération européenne, dont on reparle tous les jours sous la pression d’une crise économique qui rend nécessaire la création d’une autorité forte sous forme d’une Union bancaire qui puisse renforcer l’Union monétaire, est caractérisée à sa naissance par une prise en compte d’urgences politiques devant conduire, par la pratique, à une Paix éternelle. Il s’agissait aussi bien sûr que certaines des productions industrielles, essentielles à assurer une autonomie de ce nouveau club fédéral vis-à-vis du monde, fassent l’objet d’une politique concertée.

Le 9 mai 1950 Robert Schuman rend public un texte qu’il a modifié au dernier moment pour l’élargir au-delà d’une simple collaboration transfrontalière et qui a la prudence de commencer par le mariage d’un couple en cours de réconciliation et de mettre en avant deux industries clefs, pour n’en venir qu’ensuite aux valeurs fondamentales: « Le gouvernement français propose de placer l’ensemble de la production franco-allemande de charbon et d’acier sous une Haute autorité commune, dans une organisation ouverte à la participation des autres pays d’Europe… Cette proposition réalisera les premières assises concrètes d’une Fédération européenne indispensable à la préservation de la paix. »
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Le tourisme, c’est d’un côté l’affaire d’une élite qui, depuis des siècles n’a pas eu besoin de prescription politique ou sociale pour se déplacer et de l’autre, l’affaire des congés payés, quand ils ont été institués, ce qui n'est pas toujours le cas. En France, les congés payés sont un droit acquis par les travailleurs depuis le 7 juin 1936 (le 8 juillet de la même année en Belgique), mais entre 1900 et 1930, les congés payés sont instaurés dans d’autres pays européens : l’Allemagne, la Norvège ou la Pologne. On imagine bien que les régimes politiques si contrastés de l’après-guerre et surtout les partages entre d'une part les démocraties, les régimes communistes et les régimes fascistes, d’autre part, ne permettent pas de faire de véritables comparaisons. Fin 2011 par contre, la comparaison est plus facile. Le chiffre atteint en France est de 36 journées comptées en jours ouvrables et incluant les jours fériés, comme au Royaume-Uni et en Suède. Il est légèrement supérieur en Autriche, à Malte ou en Grèce et très inférieur en Allemagne, Irlande et Roumanie (29). Le nombre le plus faible étant l’apanage des Pays-Bas (28). Le nombre de trimestres de travail nécessaires pour obtenir une retraite à taux plein est en constante discussion pour aller vers une augmentation inéluctable dans tous les pays européens. Par contre, le nombre de journées de congés payés ne semble pas devoir être revu à la baisse immédiatement car l’activité économique qui est générée par l’utilisation de ces loisirs pour une activité touristique est essentielle aux économies mondiales. La répartition de ces congés dans l’année a par opposition considérablement évolué en passant progressivement d’une structure mono-polaire (les vacances d’été) à une structure bipolaire avec la « création » des vacances d’hiver, ou de neige, puis au caractère multipolaire de congés principaux, d’été et d’hiver relayés par de longs week-ends.



Le 25 mars 1957, au Capitole de Rome, sont signés les traités portant sur une communauté de l’énergie nucléaire et sur une communauté économique. L’arrière-plan géopolitique est d’abord celui de la crise de Suez et de la situation inquiétante qui est née avec la répression de Budapest, autrement dit, celle de la structuration, pour des années, d’un partage du monde entre deux blocs qui s’équilibrent par la peur et qui règnent en patrons sur leurs zones d’influence. Certains pays européens, un peu contraints par les circonstances, finissent par renforcer le noyau fondateur de l’Europe afin de lui conférer plus de résistance politique et économique et en font une Communauté. Si l’énergie nucléaire civile fait son entrée, sans que soit réglée la question de ses aspects militaires, la France introduit l’idée de la politique agricole commune qui continue jusqu’aujourd’hui à occuper le devant de la scène. On pourrait dire en première approche que la définition d’une libre circulation des personnes (et ses limitations légales protectrices), ainsi que la négociation sur l’extension à la semaine de quarante heures de la France vers l’Allemagne sont les seules mesures qui touchent directement la politique et la forme des loisirs, donc la nature du tourisme en Europe.

Par rapport aux acquis fondamentaux et aux droits dérivés ainsi qu’au renforcement d’une Guerre froide qui pourrait à chaque instant devenir chaude, cette remarque sur les loisirs peut sembler anecdotique. Elle ne l’est certainement pas puisqu’on voit se définir une nouvelle étape du temps partagé sur laquelle se greffent des réponses du marché. Le Club Méditerranée, pour ne citer qu’un exemple s’est créé en 1950. Gilbert Trigano l’a rejoint en 1954. En 1956, le Club Méditerranée ouvre son premier village d'hiver à Leysin, en Suisse.




Il y a 20 ans, à quelques mois près, une cérémonie organisée à Maastricht a marqué le début d’un nouveau chapitre dans l’histoire de la coopération européenne. Le 7 février 1992, les ministres des Finances et des Affaires étrangères des douze États, alors membres de la Communauté européenne, apposaient leur signature sous le traité sur l’Union européenne, consacrant la mise en place à terme d’une monnaie européenne commune. Un certain nombre de domaines vont enfin être pris en compte - de manière affirmée et en tant que tels - dans le cadre d’une politique économique commune qui touche les secteurs économiques qui nous intéressent ici : l’environnement, la recherche et développement technologique, l’éducation et formation de qualité, la culture, la protection des consommateurs. Des mesures sont prises pour les domaines de l'énergie, de la protection civile, et du tourisme.

J’ai déjà eu l’occasion d’indiquer en détails l’étendue et la réalité des compétences de l’Union européenne en matière de tourisme, telle qu’elle a évoluée entre 1992 et 2009. En dehors d’une évolution géopolitique majeure permettant l’ouverture des frontières (la Convention de Schengen date de 1990), sans parler bien entendu de l’adhésion de nouveaux pays et de l’adoption de nombreuses directives sur la circulation des citoyens et les échanges économiques dans un marché unique en voie d’extension, un seul article du Traité de Lisbonne soutient en fait la prise en compte d’une politique du tourisme par l’Union européenne dans toute son étendue actuelle. Selon l’article 195 du Traité, l’Union européenne peut en effet : «Promouvoir la compétitivité des entreprises de ce secteur et créer un environnement favorable à leur développement, favoriser la coopération entre les États membres, notamment par l'échange de bonnes pratiques et enfin développer une approche intégrée du tourisme en assurant la prise en considération de ce secteur dans ses autres politiques




Un ensemble de mesures


Je ne crois pas utile, contrairement à la première partie de cet article, de refaire un historique des mesures récentes que j’ai déjà présentées dans le post cité ci-dessus. La «Communication de la Commission» intitulée : «L'Europe, première destination touristique au monde - un nouveau cadre politique pour le tourisme européen» a en effet changé radicalement, mais de manière indicative et incitative, l’idée même de la nature du tourisme qui doit faire l’objet d’une aide et d’une promotion pour renforcer la Destination Europe.

«L'Union européenne peut contribuer à la diversification de l’offre en encourageant les flux intra-européens grâce à la valorisation de produits touristiques thématiques à l’échelle européenne. En effet, les synergies transnationales peuvent favoriser une meilleure promotion et une visibilité touristique accrue. Elles peuvent ainsi inclure l'ensemble du patrimoine dans toute sa diversité: patrimoine culturel (y compris les itinéraires culturels), création culturelle contemporaine, sites naturels protégés, tourisme de bien-être et de santé (y compris tourisme thermal), tourisme d’éducation, tourisme oenogastronomique, historique, sportif ou religieux, agritourisme, tourisme rural, ou encore le tourisme valorisant le patrimoine maritime et culturel subaquatique ainsi que le patrimoine industriel ou le tissu économique d’une région» est-il indiqué.

Note 2024 : voir la nouvelle communication : EC-communication-on-the-Blue-Economy-May-2021.pdf(europa.eu)

C’est donc beaucoup plus un commentaire sur la superposition des mesures qui sont proposées depuis deux ans, superposition de décisions et de cadres récents à des décisions antérieures, que je souhaitais présenter cette fois. Cet ensemble, encore en partie hétéroclite puisqu’il tient compte de l’histoire des formes du tourisme et de l’évolution des acteurs du tourisme, constitue aujourd’hui la politique prioritaire de la Commission Européenne en ce qui concerne « Le tourisme et l’Europe ». Je ne reviendrai pas, par contre sur des programmes que j’ai déjà commentés comme EDEN ou sur les récentes notes de tendance de la Commission (Le tourisme en Europe, moteur économique).


Même si le tourisme est devenu une activité répandue qui, grâce aux aménagements sociaux et aux encouragements divers touche tous les âges et toutes les classes sociales, la Commission Européenne avait le devoir, comme pour tous les secteurs dont elle s’occupe, de favoriser tous les Européens et de faire disparaître les inégalités. Or si le nombre de touristes dans le monde ne cesse de croître, au sein des pays développés, les inégalités se sont creusées ces dernières années de manière terrible entre ceux qui partent et ceux qui n’en n’ont pas les moyens, non seulement dans le monde, mais aussi au sein même de l’Europe et on sent bien que le phénomène ne va faire que s’amplifier. Atteindre les jeunes veut dire permettre l’accès du tourisme à des Européens ne disposant que de budgets réduits, voire inexistants si on en croit les statistiques en hausse constante du chômage chez les jeunes. De plus, à l’autre extrémité de la pyramide des âges, la durée de vie moyenne augmentant elle aussi régulièrement, le déplacement touristique se poursuit à un âge où les seniors  et les retraités sont encore en forme, abondant par leur nombre des comportements touristiques qui n’étaient autrefois que marginaux, comme la marche au long cours. Ils y retrouvent d’ailleurs paradoxalement les plus jeunes, participant ainsi de manière intergénérationnelle à une forme particulièrement passionnante de l’économie sociale. Mais par contre, les années de vie où les personnes vieillissante ont du mal à se déplacer dans des conditions normales, augmente également, tandis qu’augmente parallèlement celui des personnes souffrant d’un handicap permanent et pour lesquelles les aménagements d’accès constituent une absolue nécessité.

C’est donc un secteur entier du marché touristique qui nécessitait de bénéficier d’études et de mesures urgentes. Y pourvoir constituait tout à la fois un devoir éthique, mais participait aussi à une meilleure répartition des forces, des dépenses, comme des saisons touristiques.




            Tourisme social


C’est en 2009, donc avant même que la « Communication » soit adoptée, qu’une mesure préparatoire a été lancée sous le « nom de code » CALYPSO. Un budget de un million d’euro a été alloué en 2009 et 2010, de manière tout à fait comparable à ce qui vient de se passer pour les itinéraires culturels et le tourisme culturel transfrontalier. Le budget a été porté à 1.5 million euro en 2011, année qui constituait la fin de cette période préparatoire. Le but du tourisme social est de permettre au plus grand nombre de partir en vacances et, partant, d'accroître sensiblement la mobilité des Européens quel que soit leur âge ou leur origine sociale. « Cette forme de tourisme peut également contribuer à lutter contre les déséquilibres saisonniers, renforcer la notion de citoyenneté européenne et promouvoir le développement régional tout en facilitant le développement de certaines branches des économies locales….Il permet le développement du tourisme de basse saison, notamment dans les régions dans lesquelles le tourisme est bien développé mais soumis à d'importants déséquilibres saisonniers. Il permet également aux destinations peu connues, de petite taille, ou émergentes de promouvoir leurs offres auprès d'un plus grand nombre de citoyens européens », ajoute la Commission.
En 2009-2010, des études ont été menée sous le titre «Échanges touristiques en Europe: développer l'emploi, étendre la saisonnalité, renforcer la citoyenneté européenne et faire progresser les économies locales et régionales à travers le développement du tourisme social». Des réunions de sensibilisation, comme de facilitation des échanges ont été préparées dans le but de déterminer les mécanismes permettant de promouvoir les échanges touristiques à des prix attrayants entre différents pays, en basse saison. Ces réunions ont été organisées dans différents pays d'Europe (Pologne, Roumanie, Italie, France, Espagne et Belgique).
En dehors du matériel de communication, des appels à proposition ont eu lieu. Ils visaient à aider les autorités publiques chargées du tourisme à permettre aux groupes cibles CALYPSO de participer à des échanges transnationaux en basse saison dans un avenir proche. Ils cherchaient très précisément :

-          à aider les autorités publiques à mettre en place, développer et/ou renforcer les infrastructures CALYPSO dans leur pays.

-          à permettre la mise en réseau des autorités publiques et à accroître leur collaboration dans le but de promouvoir les échanges en basse saison pour un ou plusieurs des quatre groupes cibles CALYPSO.

-          à mener des études susceptibles d'améliorer la situation dans les pays participants et de faciliter ainsi les échanges en basse saison.

Une plateforme d’échange est en cours de préparation sous l’acronyme STEEP « Social Tourism European Exchanges Platform » pour continuer à accueillir tous les échanges.


Tourisme durable


Dans la lignée de ses précédentes communications sur la politique en matière de tourisme, la Commission européenne a adopté en octobre 2007 son Agenda pour un tourisme européen compétitif et durable. Il était en grande partie fondé sur les conclusions du groupe d’étude de la durabilité touristique, composé d'experts provenant d'associations du secteur des destinations et de la société civile, ainsi que sur les résultats d'une consultation publique qui s'est tenue entre avril et juin 2007. 
Dans cet agenda, la Commission européenne établissait le cadre pour la mise en œuvre des politiques et actions européennes de soutien dans le domaine du tourisme et dans tous les autres domaines ayant un impact sur le tourisme et sa viabilité. Elle prévoyait pour ce faire une approche progressive. C’est grâce au travail d’un groupe d’experts mis en place à la fin de 2004 le « Tourism Sustainability Group » (TSG) composé de vingt-deux membres venus de différents pays et de différents horizons, un groupe élargi aux organisations officielles, ainsi qu’à l’OMT et au Programme des Nations Unies pour l’Environnement que différentes priorités ont été explorées. Elles concernaient le domaine des transports et celui de l’accueil, celui de l’extension des mouvements touristiques hors des saisons traditionnelles, mais aussi les économies d’eau et d’énergie et la question du recyclage, la réduction des nuisances sonores, le respect des identités naturelles et culturelles des lieux visités, l’encouragement des économies locales, y compris dans les domaines artisanaux et la protection du patrimoine culturel et naturel. 


Route de Don Quichotte. Castilla La Mancha, Espagne.
Des appels d’offres ont suivi ces réflexions là aussi au titre de mesures préparatoires (2009-2011) et un certain nombre de projets et de structures sont nés du corpus ainsi mis en place, ce dont témoigne la naissance en 2007 du Réseau NECSTOUR, réseau des régions d’Europe pour le tourisme durable et compétitif, ou encore, parmi d’autres, le travail de la Cité Européenne de la Culture et du Tourisme Durable à Gréoux-les-Bains en France sur des outils susceptibles de mesurer la durabilité des projets touristiques et celui du projet Odyssea sur la mise en place d’une politique de durabilité pour la mise en tourisme nautique des Villes Ports en Méditerranée. C’est ainsi que la Commission Européenne a apporté une aide très appuyée au tourisme cyclable et en particulier à l’initiative sur l’itinéraire du Rideau de Fer (Iron Curtain Trail). Une liste de structures liées à cette question de la durabilité est donnée sur le site de l’European Travel Commission.



A partir de 2011 les initiatives se confondent de plus en plus avec celles qui concernent les itinéraires culturels et le tourisme transfrontalier et donc en grande partie avec le nouveau cadre enfin désigné du nom de tourisme culturel que je commenterai dans le chapitre suivant. 

En dehors de la coopération avec le Conseil de l’Europe sur l’étude que nous avons déjà évoquée à plusieurs reprises, plusieurs projets ont été retenus à la suite de l’appel à projet de l’été 2011 (a call for proposals aiming at promoting transnational thematic tourism products and enhancing sustainable tourism development). Il s’agit du projet Per Viam (The project is about The Via Francigena and the other trans-national pilgrimage routes certified by the Council of Europe as tools of sustainable cultural tourism development and community participation to the enhancement of Europe’s cultural and heritage diversity), de la Routecyclable du Danube (The project is about connecting partners from Austria, Germany, Slovakia, Serbia and Bulgaria in order to create a substantial basis for the development and recognition of hiking tourism within the Danube area), des Greenways4Tour (Promoting and increasing international awareness of European greenways as excellent facilities for cyclists, walkers and people with disabilities and improving sustainable tourism choices in Europe), des Limes Tourism Connection (The project is about developing the frontiers of the Roman Empire as a transnational initiative) et Eurovelo.




Comme on peut le constater, les Routes cyclables et pédestres sont bien là au rendez-vous. On attend avec grande impatience les résultats de ces cinq derniers projets, résultats qui devraient être présentés au printemps 2013 car une tendance marquée, celle de la montée du tourisme alternatif doux et lent, reste une tendance tant que l’on ne possède pas d’éléments de mesure d’impact. Il est heureux qu’un itinéraire ayant reçu la mention du Conseil de l’Europe fasse partie des projets retenus, d’autant plus qu’il s’agit là d’un modèle qui correspond au point de départ même de ce programme qui fête cette année ses vingt-cinq ans, les itinéraires de pèlerinage. Il doit, de ce fait, représenter tous les itinéraires reconnus par le Conseil et fondés sur l’idée de l’itinérance douce. Les actions prévues, telles qu’elles sont présentées dans le résumé du projet, s’inscrivent certes dans une démarche de durabilité, mais surtout dans une démarche de visibilité et de mise en réseau très large de systèmes comparables inscrits dans plusieurs espaces géographiques. Elles apporteront certainement des éléments complémentaires à la première analyse sur l’impact des itinéraires culturels dont les méthodologies et les résultats méritent une approche critique spécifique, car pour l’instant, les opérateurs disposent au travers de cette étude d’une série de conseils, d’une série de critiques et d’une liste de démarches à suivre, mais d’aucune idée précise sur les impacts réels, sinon qu’ils pourraient être plus importants, sans que l’on sache bien comment et dans quels secteurs. Il faut dire que les exemples choisis dans cette étude sont tellement hétérogènes qu’il était de ce fait difficile d’en tirer des conclusions générales. La modélisation multifonctionnelle des différentes catégories d’objets culturels et patrimoniaux ayant reçu une mention sous le titre d’Itinéraire culturel du Conseil de l’Europe reste encore à faire, ce qui rend le projet Per Viam d’autant plus utile, compte tenu du resserrement de la typologie choisie.


Route de Saint Michel. Mont-Sain-Michel, France.

Tourisme culturel


J’ai déjà indiqué à quel point le tourisme culturel a fait partie des préoccupations de la Commission européenne entre 1995 et 1996. La Déclaration de Majorque issue d’un travail commun entre l’Unesco, la Commission européenne et le Conseil de l’Europe ouvrait un grand champ culturel, malheureusement trop vite refermé du côté de la Commission en raison des oppositions de grands pays à une politique touristique commune en 1997 :

«Depuis le Siècle des Lumières, la vie culturelle en Europe a trouvé un moyen d'expression, en même temps qu'une ressource inépuisable : les voyages. C'est l'Europe en effet qui, dans toutes les phases pacifiques de son histoire, a développé les échanges culturels liés à des déplacements : récits des écrivains-voyageurs, séjours d'artistes, inspiration cherchée sous d'autres cieux, modes des visites culturelles lointaines, comme ces fameux "tours en Europe" des  enfants de 1'aristocratie anglaise qui ont donné son nom au tourisme... À l'appui de ces pratiques, c'est toute une logistique de l'accueil initialement gracieux puis de l'hospitalité marchande qui s'est mise en place. L'Europe a inventé et mis au point le service touristique au bénéfice d'un tourisme initialement consacré à la culture et à la découverte de l'autre


Route de Don Quichotte. Castilla La Mancha, Espagne.
Aménagements près de Toléde.

Le Commissaire Tajani revient aujourd’hui sur des chemins tracés il y a quelques années et on se doit de saluer la mise en place d’une page entière du site de la Commission intitulée « Tourisme culturel ». Le texte cadre proposé est moins lyrique que celui de 1996 mais propose un chiffre sur lequel on peut bien sûr s’interroger, sauf si on conçoit le tourisme culturel par le seul fait de visiter au moins un patrimoine au cours du voyage en Europe : « L'Europe est une destination de premier choix pour le tourisme culturel. Elle compte un grand nombre de sites majeurs et accueille un large flux de visiteurs, venus d'Europe et d'ailleurs. On estime que le tourisme culturel représente environ 40 % de l'ensemble du tourisme européen. De plus en plus, les touristes sont à la recherche d'authenticité et de vraies rencontres avec des cultures et des personnes différentes. Les politiques touristiques vont devoir s'adapter à ces nouvelles tendances et développer une offre de qualité, mettant en valeur les cultures et traditions locales et soucieuse de préserver le patrimoine, les paysages et la culture locale. Les produits du tourisme culturel transnational incarnent nos valeurs et notre patrimoine européens communs. Ils contribuent à donner à l'Europe l'image d'une destination touristique «unique». C'est pourquoi la Commission européenne met en œuvre un certain nombre d'actions visant à promouvoir les produits touristiques transnationaux qui présentent un fort potentiel de croissance. »

Il allait de soi, même s’il a fallu quinze années à la Commission européenne pour y venir grâce à l’appui des pays membres, que les itinéraires culturels européens constituaient l’offre correspondant très exactement au besoin de cohérence de la destination Europe. Je ne voudrais pas déformer les intentions de la Commission, c’est pourquoi je cite quasiment intégralement le texte : Les «itinéraires culturels européens», qui traversent plusieurs régions ou pays, sont un bon point de départ pour mettre en valeur la variété et la richesse de l'offre de tourisme culturel en Europe. Ces itinéraires possèdent un potentiel touristique important, encore largement inexploité. Ils sont à la fois transnationaux et représentatifs de nos valeurs et de notre patrimoine communs. Ils sont également perçus comme un modèle durable, éthique et social, car ils s'appuient sur des connaissances, des compétences et un patrimoine locaux, et font souvent connaître des destinations européennes moins visitées. En outre, 90 % de ces itinéraires se trouvent en zone rurale. Une coopération active avec le Conseil de l'Europe, la Commission européenne du tourisme, l'Organisation mondiale du tourisme des Nations unies et d'autres partenaires internationaux contribue au développement d'itinéraires touristiques thématiques dans toute l'Europe. À l'heure actuelle, il existe 29 itinéraires (24 depuis la dernière réunion du Comité compétent au sein du Conseil de l’Europe) transnationaux reliant des villes, des villages et des communautés rurales sur tout le continent. À travers eux, l'Europe est perçue comme une seule et même destination touristique. »

Ce n’est pas ici le lieu de discuter les chiffres de fréquentation ou le nombre des itinéraires culturels et son évolution, ni le travail réellement entrepris par les partenaires cités. En ce qui concerne l’Organisation Mondiale du Tourisme et l’Unesco, on peut se reporter à certains des posts précédents qui décrivent le travail entrepris dans ce secteur et pour ce qui concerne le Conseil de l’Europe, on devra attendre le post suivant. Il est sans doute plus significatif de présenter les projets retenus par un second appel d’offre lancé en 2011 sur des projets de tourisme culturel transnational puisqu’ils sont indicatifs de bonnes pratiques ou de domaines appréciés a priori par la Commission comme des solutions pour l’avenir.




Via Francigena. Cathédrale de Fidenza, Italie.

Le projet CERTO (Cultural European Routes: TOols for a coordinated communication & marketing strategy) concerne la Via Francigena, les itinéraires de Saint-Jacques de Compostelle et la Route de Saint Olav. (The project aims at contributing to alleviate one of the problems and weaknesses perceived at EU level and expressed in the Call: the lack of a common and coordinated European communication and marketing strategy for cultural tourism initiatives, meaning the lack of a true European "cultural tourism product". The project intends to develop an integrated promotion & visibility strategy shared by the 3 transnational routes recognized by the Council of Europe.) Je ne peux bien entendu que redire à ce propos mon attente impatiente des résultats de ce travail compte tenu de la cohérence typologique que j’ai déjà soulignée pour ce qui concerne les itinéraires de pèlerinage.


Pèlerinage de Saint Olav, Trondheim, Norvège.

Le projet TECH-TOUR (Technology and tourism: augmented reality for the promotion of the Roman and Byzantine itineraries) implique essentiellement l’Adriatique. Culturalroutes in the Middle and Lower Danube Region porte sur la Route des empereurs et la Route du vin dans les régions danubiennes. Il réunit essentiellement des ministères nationaux, la chambre d’économie de Croatie et deux partenaires privés : HorwathHTL en Croatie et Mioritics en Roumanie.  WE.COME (Hidden WondErs of our COMmonEuropean heritages) m’est apparu très peu compréhensible dans la présentation qui en est donnée. Il suffit donc d’attendre la mise en place du site web prévu pour en savoir plus.  

Le projet ODYSSEA CULTURE EURO-MED  est décrit de cette manière : The partners of the project ODYSSEA CULTURES EURO-MED commit themselves developing strategic co-operation projects to organize and promote in the values and the ethics of the Council of Europe and UNESCO, the Maritime Cultural Route of the Ports & Tourist Mediterranean Territories as “Stopovers Inheritances Headlights of the Mediterranean”. A strategic project which confers a real international visibility on a whole local and regional economy of maritime and coastal tourism in the coordinated organization of a cluster: Heritage Tourism, Coastal Tourism and Yachting, Culture, Agritourism, R&D, training and environment.





Crossroads of Europe


Parmi les mesures mises en œuvre directement par la Commission Européenne, l’idée d’un salon doublé d’un colloque (ou l’inverse) organisé dans une ville où se croisent les itinéraires culturels a été mise en avant comme une avancée importante en matière de visibilité et d’aide à la complémentarité des itinéraires culturels. La Commission présente ainsi l’initiative : «Carrefours d'Europe» vise à promouvoir les itinéraires culturels européens et à faire connaître leur potentiel touristique aux parties prenantes, aux entreprises, aux voyagistes et aux autorités locales et nationales. La 1re édition a eu lieu à Pavie, en Italie, du 6 au 10 juin 2012. Comme Pavie est située au carrefour de cinq itinéraires culturels qui étaient autrefois des routes de pèlerinage, l'événement sera consacré au thème des pèlerinages, qui de tout temps ont réuni des personnes venues de toute l'Europe autour de valeurs communes. » Une carte Google présente un tracé très général des routes retenues et insiste sur certaines étapes. Il s’agit de la Via Francigena, de la Via Augustina, de l’itinéraire de Saint Martin de Tours, du Réseau européen des sites casadéens et des Sites clunisiens d’Europe.



Via Sancti Martini. Crossroads of Europe.

Le programme comprenait une partie d’exposition et de stands organisée dans le Castelo Visconteo afin de favoriser les rencontres entre opérateurs professionnels, plus qu’avec le public qui est resté purement local et de présenter des expositions et manifestations culturelles périphériques. Le cœur de la manifestation a consisté dans un ensemble de présentations et de tables-rondes dont je souhaite présenter une relation détaillée dans un post ultérieur.



Route des Villes Thermales Historiques. Crossroads of Europe.

            Les touristes venant d’autres continents : 50.000 touristes


Si le vœu principal de la Commission est de maintenir l’Europe à sa place de première destination mondiale, il faut non seulement consolider et renforcer les offres innovatrices, analyser la pertinence actuelle des offres traditionnelles et examiner comment les différents pays émetteurs continuent à se situer par rapport au continent européen. Pour ce faire, par exemple, la Commission travaille en collaboration régulière avec les gouvernements européens, l'industrie du tourisme et les compagnies aériennes pour développer le flux de touristes entre l'Amérique latine et l'Union européenne, en utilisant les sièges vacants des liaisons aériennes ainsi que la capacité de logement disponible en basse saison. L'initiative pilote "50.000 touristes" s'aligne sur un des axes de la Communication sur le Tourisme 2010 qui appelle la Commission européenne à combattre la saisonnalité, à stimuler la création d'emplois, à renforcer l'image de l'Europe et à coopérer avec les pays tiers. « La phase pilote du projet va encourager 25.000 Sud-Américains à voyager vers l'Europe entre Octobre 2012 et Mars 2013, et 25.000 Européens à voyager vers l'Amérique latine entre mai et octobre 2013. Les candidatures seront ouvertes aux résidents de tous les pays de l'Union européenne, de l'Argentine, du Brésil et du Chili ayant une motivation pour voyager basée sur des liens familiaux, des liens culturels et éducatifs, ou un intérêt pour la gastronomie et le tourisme religieux. L'initiative peut être élargie dans le futur à d'autres pays, tant en Europe qu'à travers le monde, sur base de racines communes ou de liens culturels, éducatifs et linguistiques.



Les partenaires actuels sont :
-          Les gouvernements français, espagnol, lituanien, polonais, italien, argentin, brésilien et chilien.
-          Air France, Alitalia, British Airways, Iberia, the Lufthansa Group, TAP Air Portugal

-          L'Association des Tours Opérateur Européens (ETOA) et les Associations des Agents de Voyages et des Tours Opérateurs Européens (ECTAA).

-          Le Portugal, la Roumanie, la Grèce et Malte ont également annoncé leur intérêt de participer à cette expérience pilote.

Par exemple, l'Espagne compte faciliter le voyage des personnes résidant en Argentine, au Brésil ou au Chili, âgées de plus de 60 ans et possédant la double nationalité, ainsi que des Espagnols résidant en Argentine, au Brésil ou au Chili, âgées de plus de 60 ans, et voyageant en compagnie de leur conjoints et/ou enfants argentins, brésiliens ou chiliens. Iberia travaillera à ce projet en collaboration avec le gouvernement espagnol. Les passagers de Buenos Aires et Cordoba en Argentine, de Fortaleza, Recife et Sao Paulo au Brésil et de Santiago du Chili auront la possibilité d'effectuer un vol vers Madrid, vers 35 autres destinations espagnoles et 36 villes d'Europe. Corte Inglés est la première compagnie à soutenir l'initiative "50.000 touristes".
Un grand nombre d’exemples sont fournis sur le site de la Commission, exemples qui sont régulièrement mis à jour. Nous en avons retenu deux qui s’appuient sur les relations culturelles et patrimoniales et vont de ce fait au-delà des déclarations de principe et des « memorandums of understanding ».
Ainsi la France va promouvoir cette initiative  dans le cadre de l'accord "Passion européenne" et encouragera les voyages visant à découvrir les sites spirituels et religieux français et mettant en exergue la gastronomie française. Le projet de la Lituanie impliquera les émigrants lituaniens, les membres de leurs familles, les étudiants se consacrant au tourisme, à l'histoire, à la théologie, à la gastronomie, à l'architecture et/ou la culture, les propriétaires ou employés de restaurants et membres de leurs familles coopérant avec des partenaires lituaniens, toute personne âgée de plus de 60 ans.

Labels et observatoires


Il semble aller de soi que les mesures pratiques ainsi lancées avec beaucoup de célérité ne peuvent trouver leur cohérence et surtout la mesure de leur impact qu’à deux conditions : la mise en place d’un label de qualité européen et d’un observatoire qui ne se contente pas de juxtaposer des résultats nationaux – ce que l’OCDE pratique déjà avec pertinence – mais cherche à suivre la manière dont les touristes pratiquent réellement un tourisme européen, donc transfrontalier. « À l'heure actuelle », précise la Commission, « de nombreuses initiatives publiques et privées sont prises afin de définir les principes et critères que doivent appliquer les acteurs du secteur européen du tourisme pour garantir le développement et la prestation de services touristiques de qualité au sein de l'UE. Or, ces systèmes de qualité manquent souvent de cohérence et de coordination car ils sont généralement axés sur des objectifs sectoriels ou territoriaux, sans approche européenne intégrée. Cette fragmentation constitue un obstacle potentiel à l'établissement de conditions égales pour offrir des services touristiques de qualité à travers l'Europe, ce qui risque de porter préjudice à la compétitivité du secteur européen du tourisme. »

C’est ainsi qu’une consultation restreinte a eu lieu l’an passé auprès des professionnels et des pays membres à partir de 19 questions, sur l’idée d’un label « parapluie » ou label cadre. La présentation publique était organisée le 25 janvier dernier à Bruxelles. J’en avais résumé l’atmosphère en ces termes : Les discussions qui ont eu lieu de manière très ouverte en janvier 2012, en présence des délégués des pays membres et des grandes organisations représentant les professionnels et les consommateurs, ont été passionnantes car on pouvait y écouter de manière très concrète combien les débats sur la subsidiarité en cette matière sont loin d’être clos. Des labels de qualité existent bien entendu déjà, sans parler des normes ISO et un énorme travail a été déjà réalisé en France ou en Italie. Mais la question est bien de savoir à quoi peut servir une ombrelle quand le soleil ne brille pas partout avec la même intensité.

Depuis, une consultation publique a été ouverte avec pour objectif de recueillir l'avis d'un large éventail de parties intéressées des secteurs public et privé, ainsi que de citoyens, sur une éventuelle action de l'UE dans ce domaine. Dans l’introduction qui était proposée pour cette consultation, la visée concurrentielle est très clairement exprimée : “For Europe, it could function as a competitive instrument: at a secondary level, it could contribute to improving the profile of Europe as a set of high-quality destinations through emphasising the consistent quality of its tourism product.” Il reste donc là aussi à attendre les résultats du dépouillement.

Je ne veux pas revenir ici sur le « Label du patrimoine européen » également cité dans la Communication, plus que je ne l’ai fait dans le premier post de ce blog. D’abord parce que j’ai eu l’honneur et le plaisir de participer depuis à la première réunion d’experts qui a travaillé avec la Commission européenne pour finaliser le dossier de candidature et que par conséquent je me dois à un devoir de réserve, mais surtout parce que l’appel à candidatures ne sera lancé pour un premier « round » qu’en 2013 auprès des pays qui n’avaient pas encore bénéficié du label dans sa phase expérimentale intergouvernementale.

J’insiste simplement sur le fait que ce programme communautaire vise, avec des critères de citoyenneté européenne, à indiquer aux touristes des sites, voire des espaces transfrontaliers hautement significatifs de l’histoire de l’Europe. 

«En plus de renforcer le sentiment d’appartenance à l’Union chez les citoyens européens et de stimuler le dialogue interculturel, l’action pourrait aussi contribuer à mettre en valeur le patrimoine culturel et à souligner son intérêt, à accroître le rôle du patrimoine dans le développement économique et durable des régions, en particulier à travers le tourisme culturel, à encourager les synergies entre le patrimoine culturel, d’une part, et la création et la créativité contemporaines, d’autre part, et, plus généralement, à promouvoir les valeurs démocratiques et les droits de l’homme qui sous-tendent l’intégration européenne» est-il précisé.


 Un observatoire virtuel ?


C’est la partie du plan qui reste pour le moment la plus complexe à mettre en œuvre. Les résultats d’une étude faisabilité restent annoncés pour la fin de 2012. Trois grands secteurs sont déjà proposés :
-          Une base de données statistiques destine à informer les décisionnaires dont les secteurs clefs sont en cours de test ;

-          La publication de rapports réguliers qui seraient destinés à une veille sur les points qui nécessitent des décisions rapides sur les changements structurels.

-          Une section destinée à comparer les politiques d’observation des pays membres et de réunir les exemples de bonne pratique. Une boîte à outils et un manuel seront préparés sur cette base.

Tourisme côtier


La Commission européenne avait lancé une étude sur le tourisme côtier, au même titre que sur le tourisme rural et le tourisme de montagne à la fin des années 90. Cette question prend de nouveau une grande actualité à la demande du Parlement européen et dans le cadre de la DirectionGénérale affaires maritimes et pêche. Une consultation publique vient là aussi de se terminer. 

Son extension à la Méditerranée est devenue cruciale en fonction de l’intensité des mouvements politiques et sociaux qui affectent cette zone géopolitique liée à l’Europe. Il s’agit là clairement d’une priorité politique mise en avant par le Parlement européen et pris en compte à la fois par plusieurs Directions générales de la Commission Européenne.






Revenir aux textes


J’ai toujours l’habitude de revenir aux textes. Les dernières lignes de la Communication sont les suivantes : 

« La politique européenne du tourisme a besoin d’un nouvel élan. Confrontée à des défis qui demandent des réponses concrètes et des efforts d’adaptation, les acteurs de l’industrie du tourisme européen doivent pouvoir joindre leurs efforts et travailler dans un cadre politique consolidé qui prenne en considération les nouvelles priorités de l’UE. Tenant compte des nouvelles compétences de l’Union européenne en matière de tourisme, la présente communication définit un cadre ambitieux pour faire du tourisme européen une industrie compétitive, moderne, durable et responsable. »

Les deux première années qui suivent cette publication ont ainsi vu se définir un cadre de travail dans lequel différentes mouvances traditionnelles, celle des représentants économiques des grands secteurs du tourisme, des lobbys syndicaux et de la société civile et les experts qui se sont implantés à la Commission depuis le début des années 90 se sont vu confrontés à une nouvelle génération d’experts pour lesquels la connaissance des nouvelles technologies et la prise de conscience des menaces climatiques ont totalement changé les points de vue et à un ensemble d’opérateurs – je pense tout particulièrement à ceux qui ont en charge le tourisme transfrontalier et les itinéraires culturels européens – pour qui les projets de coopération culturelle ne peuvent comporter de volet touristique que si – et seulement si – la dimension sociale et citoyenne est non seulement conservée, mais encore plus, rendue exemplaire d’un changement de comportement vis-à-vis de la planète et de ses habitants.

Non seulement ils ne se contenteront pas de vœux pieux, mais, leur nombre allant croissant, ils demanderont une transformation radicale de l’élan touristique de masse issus de l’après-guerre vers une exigence à ce que les aides de la Commission européenne s’adressent aux initiatives qui ont diffusé sur tous les territoires et ont enraciné un tourisme qui revient aux origines des congés payés, quand le véritable élan était celui d’un partage des richesses.

Je suis certain que le choc entre les deux mondes et les deux attitudes ne fait que commencer. Une relecture de l'histoire du tourisme et des trois vagues que j'ai évoquées, me semble plus que jamais nécessaire.




Elisée Reclus, promeneur littéraire, géographe et poète, banni de France de 1872 à 1890 en raison de sa participation à la Commune de Paris, a travaillé dans l’équipe de rédaction des Guides Joanne, ancêtres des Guides Bleus de la maison Hachette dès le milieu du XIXe siècle. En 1859 il écrit à sa mère : 

« J’ai plus vécu pendant une heure d’admiration devant les rochers et les neiges de la Jungfrau que pendant de longues semaines à Paris ou à Sainte-Foy »

Joël Cornuault, le préfacier des deux petits livres qui ont été republiés récemment « Histoire d’un montagne » et « Histoire d’un ruisseau » écrit : 

« la nature comme vrai temple…Ces mots que l’on connaît de Baudelaire, il faut leur rendre tout leur poids lorsqu’on se tourne vers Reclus. Il appartenait de par son milieu familial à une lignée de penseurs de culture réformée pour qui (de Bernard Palissy à Théodore Monod, en passant par Rousseau et, aux Etats-Unis, Emerson et Thoreau, Ruskin en Angleterre), le monde, création d’origine divine, est le modèle que l’homme doit approcher, sinon imiter, dans ses œuvres…Il aimait la marche, la nage, la vie animale, les arbres, les grands phénomènes cosmiques, la science désintéressée, l’amitié et la camaraderie philosophique…Il détestait et le faisait savoir dans ses écrits, articles ou pamphlets : l’injustice, la propriété privée, la violence, toute forme de clergé, la volonté de puissance et le saccage de la planète, lieu de beauté et de liberté, espace « non asservi », il nous le redit au seuil de son Histoire d’une montagne. »



Ouvrages cités :

Comme pour les posts précédents, une série d’hyperliens permettent de consulter directement certains textes cités. On peut également se reporter aux bibliographies indicatives des posts précédents.


Reclus Elisée. Histoire d’un ruisseau. Infolio. Collection Archigraphy Poche. 2010.
Reclus Elisée. Histoire d’une montagne. Infolio. Collection Archigraphy Poche. 2011.

Van Middelaar Luuk. Le passage de l’Europe. Histoire d’un commencement. NRF. Gallimard. 2012.



Point de vue personnel :


L’été qui suit la création de la Communauté du Charbon et de l’Acier, je visite la Côte d’Azur sur le porte-bagages d’un Solex avec mes parents, heureux d’en revenir bronzé, d’après ce qu’on m’a dit. Ils se sont rendus sur la Côte en train et ont emmené les Solex avec eux et ont trouvé un petit logement chez l’habitant. Je passe les étés qui précèdent la signature des Traités de Rome sur des plages bretonne en séjournant dans des hôtels très familiaux. En1958, mes parents m’emmènent passer deux semaines de vacances dans une pension de famille près d’Evian juste avant mon entrée au lycée. J’y reviendrai régulièrement les années qui suivent, à l’issue de voyages en Europe.
Pour ne pas être en reste avec ces deux premières étapes de mes souvenirs de vacances, je me dois à la mémoire de mes parents de les remercier d’avoir su s’appuyer sur l’augmentation régulière du temps de vacances, de 1958 à 1968 pour me faire parcourir l’Europe chaque été en train et en autocar – ils n’ont jamais eu de voiture - et donc de me faire prendre conscience d’une histoire vivante du continent et de la variété de son patrimoine, au moins pour sa partie occidentale.
C’est l’année du Traité de Maastricht que j’ai rejoint le Conseil de l’Europe pour commencer à participer au sein d’une Institution européenne à la continuité d’un programme dont le volet touristique s’est renforcé au cours du temps, programme auquel j’avais collaboré comme expert depuis 1986. Je suis devenu aujourd’hui un touriste de la catégorie des seniors actifs et je n’ai pas eu besoin de montrer la voie à mes propres enfants. Ils ont pris tous seuls les chemins d’une connaissance européenne d’Est et d’Ouest. La plus jeune a su utiliser les possibilités que le programme Erasmus lui a offertes.